Il y a 93 ans, la France et l’Allemagne signaient un armistice mettant fin à une guerre qui avait duré 4 ans et coûté la vie à 9 millions de personnes. Les journaux d’époque en disent long sur l’atmosphère qui régnait à l’époque. Dans leurs éditions du 12 novembre, Le Figaro, l’Humanité, L’Action Française ont tous relaté ces évènements d’un œil différent mais qui reflète l’Union sacrée qui présidait encore à l’effort de guerre.
L’Humanité titre « Vive la République allemande ! Vive la République universelle ! ». En effet, l’annonce de la défaite de l’Allemagne survient après l’abdication du Kaiser Guillaume II. Outre-Rhin se profile un avenir incertain pour les populations germaniques. Le « journal socialiste », conscient de l’enjeu, renchérit en soulignant la désagrégation de l’Empire allemand. « Le roi de Saxe déposé », insiste le quotidien. En effet, le Reich était alors encore composé de différents royaumes et principautés unis par un empereur. La République « socialiste » ne passera finalement pas et les violents mouvements révolutionnaires (tels que les « spartakistes ») durent s’incliner. « Bas les armes citoyens !» demeure néanmoins le maître mot du journal qui se félicite de l’arrêt des hostilités.
Sur des accents de Marseillaise, Le Figaro exprime l’allégresse qui règne dans en France à l’annonce de la victoire. « L’Allemagne a capitulé, joie nationale », titre le quotidien pour qui « Le jour de gloire est arrivé » en ce 11 Novembre 1918. Un jour mémorable au Parlement s’il on en croit le journal qui relate la séance : « Qui de ceux qui y assistèrent pourra oublier l’arrivée de Clémenceau dans l’hémicycle et les larmes aux yeux qu’on vit tomber de ses yeux. »
L’Action française n’en est pas en reste. « L’armistice est signé. Les hostilités sont suspendues », annonce le quotidien nationaliste. Fidèle a la défiance traditionnelle qui l’anime vis-à-vis des Allemands, le journal monarchiste annonce que « Les Boches se retireront au-delà de la rive droite du Rhin » mais surtout que « L’Alsace-Lorraine » est « rendue à la France ». Dans son éditorial, Léon Daudet, dont le ressentiment à l’endroit de l’Allemagne transparait, demande le « feu du peloton » pour le Kaiser, responsable, selon lui, de la guerre qui venait de se terminer. « Indicible allégresse à Paris », « Emouvante séances au Parlement ». L’émotion de la rédaction est palpable et compréhensible tant elle semble partagée par une population toute entière. Ainsi Charles Maurras décrit-il, dans l’édition du 12 novembre 1918, la douce et contagieuse allégresse qui s’est emparée des esprits de la capitale : « L’éclat de la joie s’est propagé du plus grand au plus petit, des premiers aux derniers, par la promenade triomphale de toute la ville à travers les rues et les places les plus noblement faites, les plus purement dessinées qu’il y ait au monde. Quand Paris fut las de chanter, il dansa. La place de la Concorde sur les 6 heures, était pleine de rondes ou de farandoles (…) Un cœur entonnée par des centaines et des centaines de milliers de voix sur le même sujet immense du revers de l’ennemi. ».
Dans la joie qui accompagne l’armistice transparait encore l’horreur que les Français laissent derrière eux. Durant cette guerre, 1 315 000 soldats français perdirent la vie. Le dernier d’entre eux, Augustin Trébuchon avait 40 ans. Berger en Lozère, il avait été mobilisé en 1914. Il reçut une balle dans la tête alors qu’il portait un message à son capitaine le 11 novembre à 10h45 du matin, soit 15 minutes avant le cessez-le-feu.