La Diète polonaise a rejeté jeudi, par 352 voix contre 58 et 18 abstentions, le projet de loi du comité civique « Stop à l’avortement », visant à interdire totalement l’avortement sauf en cas de danger pour la vie de la femme enceinte. Ainsi, l’envoi de ce projet de loi en commission parlementaire le 23 septembre dernier n’était qu’hypocrisie, puisque la commission de la justice et des droits de l’homme a recommandé le rejet de cette loi sans même en débattre et que les députés ont obtempéré le lendemain.
Grosse déception, donc, dans les milieux pro-vie polonais qui pensaient avoir élu, le 25 octobre dernier, un gouvernement plus sensible à la protection de la vie que le précédent. Si le PiS n’améliore pas cette protection, notamment pour les enfants handicapés et en particulier pour ceux touchés par la trisomie 21, qui constituent le plus gros groupe de victimes de la loi actuelle, une partie de ses électeurs sauront sans doute s’en souvenir en temps voulu.
Certes, certains députés et sénateurs du parti conservateur de Jaroslaw Kaczynski assurent qu’il va être proposé un amendement à la loi actuelle qui autorise les avortements en cas de viol ou d’inceste (jusqu’à la 12e semaine de grossesse), en cas de danger pour la santé physique ou la vie de la mère (tant que l’enfant ne pourrait pas survivre hors du ventre de sa mère) et en cas de maladie ou malformation grave et incurable de l’enfant (jusqu’à la 24e semaine de grossesse). Un amendement qui exclurait explicitement la trisomie 21 du troisième cas de figure.
Mais cette promesse était absente des engagements pris jeudi par le premier ministre Beata Szydlo. Des engagements certes utiles (ils étaient prévus dans le projet de loi citoyen rejeté), mais insuffisants : d’ici à la fin de l’année, le gouvernement polonais présentera un programme de soutien aux familles et aux femmes enceintes qui se décident à faire naître leur enfant malgré un handicap. Deuxième engagement, celui de sécuriser les fonds nécessaires dès le budget 2017. Et enfin troisième engagement, celui de mener une grande campagne nationale en faveur de la vie, pour encourager les familles et les médecins à donner une chance aux enfants handicapés.
Parallèlement, on apprenait jeudi le retrait du projet de loi visant à réguler de manière plus stricte la fécondation in vitro. La Pologne conservera donc dans ce domaine, jusqu’à nouvel ordre, la loi très libérale votée par le parlement précédent, et c’est une déception de plus pour une partie de l’électorat du PiS.
Article publié dans le quotidien catholique Présent du 8 octobre 2016
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