Éric de Linares, vous avez 48 ans, êtes chef d’entreprise dans le secteur financier et père de 3 enfants. C’est un profil plutôt différent de la plupart des candidats identitaires niçois, souvent très jeunes et exerçant des métiers manuels. Vous vous sentez à l’aise parmi eux ?
La jeunesse ne me fait pas peur, en premier parce que j’ai été jeune moi-même comme tout le monde et que la jeunesse est un état d’esprit. Les jeunes que je côtoie auprès de Nissa Rebela sont sains, ont un idéal et un pragmatisme politique rares pour leur jeunesse. Le fait d’être père de famille n’est pas un empêchement à côtoyer les jeunes au contraire. Quant au métier : « tu travailleras à la sueur de ton front » dit la Genèse, mais la Bible ne précise pas le métier…
Vous avez commencé à militer au sein du Front national. En 1989, vous avez même figuré sur la liste FN conduite par Jacques Peyrat aux municipales niçoises. Aujourd’hui vous avez face à vous un candidat FN, ça n’est pas difficile ?
Certes pas ! Je me suis engagé auprès du FN pour défendre le France de toujours, celle des peuples de France. La dérive jacobine et républicaine, donc révolutionnaire, m’a déplue. En premier car le nationalisme totalisant finalement défendu par ce parti me semblait contraire à ma conviction religieuse et, en second, car je pense que ce pays merveilleux qu’est la France serait différent sans les particularismes régionaux qui ont fait sa richesse… Enfin, et c’est pour moi le plus important, le programme du FN en matière d’intégration dite « républicaine » me semble utopique et sa position sur le bioéthique et l’avortement plus que douteuse. J’aurai cependant plaisir à affronter mon rival, mais pas mon ennemi, qu’est le candidat du FN à cette cantonale.
Dans le 14ème canton, Nissa Rebela et le FN se retrouvent autour de Jacques Peyrat : qu’en pensez-vous ?
J’ai été sur la liste de Me Peyrat en 1989 et ai fait voter pour lui aux deux autres élections municipales suivantes. Je suis un pragmatique. Me Peyrat pense bien, a bien travaillé pour la ville, il est normal de se retrouver. Il a de plus été victime d’une trahison, d’un menteur, et à ce titre mérite notre soutien, d’autant qu’il partage le même amour pour Nice et les Niçois que nous.
Un mot sur la politique niçoise : est-elle si différente de la politique nationale et justifie-t-elle l’existence d’une force régionaliste comme Nissa Rebela ?
L’existence de Nissa Rebela est plus importante que l’existence d’une structure nationale. Il faut être proche des gens et des particularismes régionaux. À cet égard l’idée d’un département pays niçois est parfaitement cohérente : ce sont les « pays » qui ont fait la France et, jusqu’à l’arrivée des jacobins et la dictature républicaine, les assemblées régionales étaient plus importantes que celle des bourgeois parisiens qui finirent par scier la branche de l’arbre sur laquelle ils s’étaient assis en 1789 ! Il y aurait plus à dire en particulier sur la vocation rurale de nos pays et la prolétarisation du peuple par la sédentarisation citadine.
La foi catholique tient une grande place dans votre vie personnelle et familiale. Est-ce compatible avec le combat identitaire, souvent radical dans ses affirmations et ses initiatives ?
Ce n’est pas “compatible”, c’est un devoir ! Un catholique qui se forme aux choses de Dieu sait que le combat pour une terre plus juste passe par le respect des valeurs morales fondamentales, le décalogue… Et Nissa Rebela affirme clairement son identité chrétienne, ils sont les seuls ! De plus, qu’il me soit permis, grâce à cette tribune de rappeler à tous mes frères chrétiens, qu’il leur est interdit de voter pour des partis d’avorteurs (tous !)… sous peine d’être automatiquement exclus de l’Église. Enfin, c’est un devoir pour un catholique de lutter pour que règne plus de justice ici-bas. Il est regrettable que nos épiscopes soient devenus des « évêques Cauchon » et trahissent ou se taisent, mais le bon combat pour un monde plus juste passe par la croix qui, elle seule, peut vaincre le croissant, en lieu et place d’une Marianne paganisée aux seins nus ! « La vérité vous rendra libre » nous enseigne Saint Paul.
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