Nouvelles de France vous propose la retranscription d’un extrait du reportage consacré aux Français qui vivent au Qatar et sur lesquels s’engraissent sans scrupule les nationaux fainéants et désœuvrés de ce confetti bling-bling parsemé de centres commerciaux et de buildings orgueilleux et sans charme, diffusé jeudi 24 octobre dans “Envoyé Spécial” sur France 2.
“Une affaire embarrassante pour la France. Pendant quatre ans, Jean-Pierre Brosse était proviseur du lycée franco-qatari (Voltaire, ndlr) de Doha. Mis en cause pour le contenu de son enseignement, il a décidé de rentrer en France.”
“Je ne me sentais plus libre, parce que lorsqu’on n’a plus la liberté d’exercer son métier, on ne peut pas être serein et c’est quelque chose qui est pesant.”
“Le lycée privé où enseignait Jean-Pierre Brosse, devait être un symbole de l’amitié entre les deux pays. Il accueille des élèves français et qataris. En 2008, il est inauguré par Nicolas Sarkozy et le futur émir du Qatar. Deux ans plus tard, la situation s’envenime. Jean-Pierre Brosse commence à subir des pressions de certains parents. Ils se plaignent des programmes français. L’ancien proviseur m’emmène à la bibliothèque municipale (en Bretagne où il vit désormais, ndlr). Il veut me montrer le type de livres qui posaient problème.”
On voit Jean-Pierre Brosse ouvrir un livre d’histoire : “Donc, la statuaire grecque, impossible à étudier.” La journaliste : “Pourquoi ?” “La nudité, tout simplement. En histoire toujours, le fait d’avoir une église, une abbaye, une cathédrale (en photo dans le livre, ndlr) pose problème parce que c’est simplement une allusion à la chrétienté. Les enfants ne doivent pas savoir qu’il existe une autre religion que l’islam avant l’âge de 18 ans”.
Et la journaliste de raconter : “Les plaintes s’accumulent, deviennent quotidiennes. Jean-Pierre Brosse a gardé les documents mis en cause, ces photos extraites de manuels scolaires dont celle-ci, un dessin de deux petits oursons.”
“Alors, le problème, c’est que l’un d’eux s’appelle Matthieu et il est impossible d’avoir une histoire qui concerne un petit ourson qui porte le nom d’un apôtre.” “Pourquoi ?” l’interroge la journaliste. “Parce que c’est un apôtre, donc c’est une allusion à la religion chrétienne. Tout, tout allait poser problème… Des choses absolument anodines qui pouvaient déclencher des réactions de la part des parents qui mènent jusqu’à l’emprisonnement. (…) Vous avez un petit ours qui s’appelle Matthieu, on vous téléphone pour vous dire que vous risquez dix ans d’emprisonnement. C’est quand même quelque chose d’assez fort.”
La journaliste reprend : “Dix ans d’emprisonnement, c’est la menace qu’aurait brandie selon lui le procureur général du Qatar. Jean-Pierre Brosse tente de faire des efforts, mais il refuse de modifier les programmes”.
“Le pire, ça aurait été d’accepter. On peut commencer par enlever une partie des programmes, ensuite une partie plus importante… On va glisser tout doucement jusqu’à arriver à une école coranique qui aurait planté le drapeau de la mission française sur son toit et ça, c’est inacceptable, c’est pas possible.”
“Menacé de prison, ne trouvant pas de solution, Jean-Pierre Brosse finit par jeter l’éponge. Qu’en est-il aujourd’hui ? Impossible de rentrer dans le lycée, le ministère des Affaires étrangères a mis son veto.”
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