Pendant la campagne municipale de 2014, Anne Hidalgo a promis de ne pas augmenter les impôts. À l’époque, nous nous demandions par quel subterfuge elle pourrait boucler son budget, vu l’ardoise de 400 M€ que lui avait gentiment laissée Bertrand Delanoë, en guise de cadeau de départ.
Par miracle, la maire de Paris a trouvé la solution : l’augmentation de 200% du tarif de stationnement, pour les résidents, qui se voient, en outre contraints d’acheter, depuis le 1er janvier 2015, une carte de stationnement au prix de 45€, alors que celle-ci était auparavant gratuite.
Les familles des classes moyennes apprécieront, elles qui supportent déjà toute une série de hausses de tarifs, de la cantine scolaire aux conservatoires, et qui doivent désormais provisionner une dépense annuelle supplémentaire de près de 400€ (513€ au lieu de 154€), mais il est vrai qu’elles ne constituent pas la cible électorale d’Anne Hidalgo qui préfère libérer des logements sociaux au profit des migrants. On leur répondra qu’elles peuvent tout à fait utiliser les transports en commun mais ces derniers ne disposent que très rarement des infrastructures permettant l’accueil d’une famille avec enfants en bas âge.
S’agissant des visiteurs, il faut croire qu’Anne Hidalgo cherche à les faire fuir puisque le stationnement (limité à 2 heures consécutives) leur est facturé 4€ l’heure dans le centre et 2,40€ l’heure en périphérie. Hormis Londres, où le coût de la vie est plus élevé qu’à Paris, aucune capitale européenne n’atteint un tel record !
De plus, toute une série de contraintes viennent alourdir ce dispositif qui rend la vie impossible aux Parisiens : extension d’horaires jusqu’à 20h en semaine, fin de la gratuité le samedi ainsi qu’au mois d’août et interdiction de stationner, dans sa zone de résidence, au-delà de 7 jours consécutifs. Quand on part en vacances au mois d’août, comment fait-on ? Beaucoup de Parisiens le reconnaissent, n’ayant ni parking privé ni résidence secondaire, ils restent tributaires des bonnes âmes qui acceptent de garer leur voiture au fond d’un jardin.
Mais le plus grave n’est pas là. Ce qui est accablant, pour Anne Hidalgo, c’est que cette hausse du tarif de stationnement n’est en rien justifiée par des considérations liées à son pouvoir de police. Quand un maire décide d’augmenter les tarifs de stationnement dans sa ville, il utilise son pouvoir de police, en l’occurrence celui de la voirie municipale. Et ce pouvoir ne doit pas être utilisé pour une autre finalité que celle pour laquelle il a été institué. Par exemple, un maire peut réglementer la circulation ou le stationnement afin d’obtenir une meilleur rotation du parc automobile ou pour dissuader une occupation trop prolongée du domaine public. Mais quand il utilise son pouvoir de police à des fins exclusivement budgétaires, cela s’appelle un détournement de pouvoir, c’est-à-dire l’utilisation d’un pouvoir de police dans un but tout autre que celui pour lequel il a été institué.
En l’occurrence, Anne Hidalgo a décidé d’augmenter les tarifs de stationnement afin d’obtenir des recettes financières qui lui faisaient défaut et l’empêchaient de boucler son budget. Une augmentation d’impôts déguisée, en somme ! Nous en avions le pressentiment puisqu’on ne voyait pas en quoi il était nécessaire d’augmenter de manière si brutale les tarifs de stationnement. Nous en avons aujourd’hui la preuve puisqu’une note interne de la mairie de Paris, datée du 24 juin 2014, que nous nous sommes procurés, affirme que « la direction des Finances et la direction de la Voirie et des déplacements proposent une réforme de la politique de tarification du stationnement permettant de générer une recette complémentaire de plus de 50 M€ » et que « la gestion du stationnement de surface constitue l’un des principaux leviers de recettes dans un contexte budgétaire contraint » (cf. p. 1 de la note téléchargeable). Toute la note, dont la lecture est aussi rébarbative que peut l’être un document administratif, repose sur cet argumentation : générer des recettes supplémentaires « dans un contexte budgétaire contraint ».
Suite de la note…
On ne peut être plus clair et on imagine aisément la scène : Anne Hidalgo, prise au collet par un budget en déficit chronique, fruit de la générosité sans limite de son prédécesseur, saisit discrètement la direction de la voirie ainsi que celle des finances, en leur demandant de s’accorder mutuellement pour lever un nouvel impôt -aussi discret qu’indolore – sur les automobilistes. Les services s’exécutent promptement et lui remettent une note dans laquelle l’intérêt de chaque mesure étudiée est apprécié en fonction du niveau de recettes que son application pourrait générer. C’est ainsi que la gratuité le samedi et au mois d’août « permettrait d’envisager un supplément de recettes évalué entre 2,85 M€ et 12 M€ ». Ane Hidalgo s’empresse ainsi de la mettre en œuvre.
On le sait, ce n’est pas gérer les finances en bon père de famille, que de recourir à de tels expédients. Anne Hidalgo ne pourra faire l’impasse d’un audit complet des dépenses de la Ville, devra diminuer drastiquement les dépenses de personnel (54 000 agents pour la Ville, à ce jour, et 73 000 en comptant les établissements publics qui lui sont liés) et serait bien avisée de limiter sa générosité aux associations qui remplissent réellement une mission d’intérêt général. Ce serait plus intelligent que d’utiliser, par un procédé douteux voire illégal, son pouvoir de police pour lever un nouvel impôt.
21 Comments
Comments are closed.