Mercredi dernier, la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen a approuvé le «rapport Tavares» qui critique les réformes constitutionnelles hongroises et appelle ce pays à respecter les valeurs démocratiques. 31 membres de la Commission LIBE ont voté pour l’adoption du rapport, 19 contre, et 8 se sont abstenus. Le rapport «Tavares» sera soumis au vote du Parlement de Strasbourg début juillet. Si le Parlement l’approuve lui aussi, la menace de sanctions contre la Hongrie pourrait être à nouveau brandie.
Parallèlement, lors d’une rencontre du Groupe Bilderberg les 6-9 juin à Hertfordshire en Grande-Bretagne, la vice-présidente de la Commission européenne à la justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté, Viviane Reding, aurait déclaré, selon le quotidien hongrois « Magyar Nemzet », qu’elle n’hésiterait pas à remettre en cause le résultat des prochaines élections législatives en Hongrie et qu’elle allait s’appuyer sur les mouvements d’opposition de gauche pour cela. Si cette affirmation a été démentie par la Commission européenne et par l’intéressée elle-même, le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung indiquait le 17 avril dernier qu’une part croissante des commissaires européens étaient en faveur d’une procédure de sanction contre la Hongrie au titre de l’Article 7 du Traité UE, ce qui pourrait vouloir dire la suspension des droits de vote de la Hongrie au sein du Conseil. Une procédure prévue également par le rapport « Tavares » qui vient d’être approuvé par la commission parlementaire. Outre le vote nécessaire du Parlement européen en assemblée plénière, il faudra toutefois à la gauche européenne anti-Orbán convaincre tous les États membres de voter en faveur des sanctions contre la Hongrie pour que celles-ci puissent être adoptées. Un vote unanime du Conseil en la matière est hautement improbable car certains pays n’approuvent pas ces attaques répétées contre la majorité et le gouvernement que le peuple hongrois souverain s’est choisis.
Il n’empêche que Viviane Reding, outrepassant ses prérogatives de Commissaire européen, se distingue au sein de la Commission par sa campagne agressive contre le gouvernement de Viktor Orbán. Cette Luxembourgeoise de 62 ans s’était aussi fait remarquer en France par ses propos outranciers contre le gouvernement français lors des expulsions de Roms (qu’elle comparaît à la politique nazie) et par son tweet après la défaite de Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles : «Une France de la justice, enfin !».
Partout en Europe, la gauche et la fausse droite semblent de plus en plus irritées par ce gouvernement conservateur hongrois qui non seulement parvient à réduire les déficits (la Commission européenne s’apprête à abandonner la procédure pour déficit excessif à l’encontre de la Hongrie) et à renouer avec la croissance, mais en plus continue de dominer dans les sondages : un sondage Ipsos réalisé entre le 8 et le 15 juin donne 49 % d’intentions de vote au Fidesz contre 27 % pour les socialistes, 12 % pour les nationalistes du Jobbik et 8 % pour la coalition gauchiste « Ensemble 2014 ».
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