Selon une nouvelle étude publiée dans Review of the Economics of Households (La Revue de l’économie des ménages), les enfants élevés par des parents mariés de sexe opposé sont plus susceptibles d’obtenir leur diplôme d’études secondaires que leurs pairs dont les parents vivent en concubinage, ceux aux parents isolés ou ceux de même sexe.
Ce résultat confirme ceux de recherches effectuées ces dernières décennies sur les résultats scolaires des enfants et la structure de leur famille. Cependant, cette étude se démarque par la taille de son échantillon (20% du recensement canadien de 2006). Il utilise un corpus suffisamment grand et représentatif d’enfants (âgés de 17 à 22 ans) élevés dans des foyers de parents homosexuels. Jusqu’à ce jour, seules quatre études analysant trois ensembles de données aux États-Unis offraient des données similaires (deux en se basant sur le recensement américain de 2000, l’une sur l’Étude longitudinale sur la petite enfance, et une autre sur la Nouvelle Étude de la structure familiale).
La conclusion de cette enquête ayant donc comme base 20% des Canadiens recensés en 2006 est pour le moins significative. Les enfants ayant grandi au sein de foyers gays ou lesbiens sont 35 % moins susceptibles d’obtenir leur diplôme équivalent au D.E.C (baccalauréat en France) par rapport à ceux élevés dans une famille avec un père et une mère mariés. Et parmi les enfants de foyers homosexuels, les filles s’en sortent encore nettement moins bien que les garçons.
L’étude a été menée par Douglas W. Allen et publiée le 10 octobre par la Review of Economics of the Household. Elle a identifié les personnes qui se déclarent elles-mêmes comme élevées dans un foyer homosexuel au sein de cet échantillon de 20% de la population recensée en 2006, suffisamment grand pour distinguer le statut matrimonial, les différences selon le sexe des parents et celui des enfants qu’ils élèvent.
Les données canadiennes présentent plusieurs avantages par rapport aux échantillons américains pour étudier le sujet, notamment :
— Au Canada, les avantages fiscaux et sociaux sont disponibles aux couples de même sexe depuis 1997 et la loi canadienne reconnaît le mariage homosexuel depuis 2005.
— Les enfants s’identifiaient d’eux-mêmes comme vivant avec des parents de même sexe.
“Ces nouvelles données fondées sur des échantillons solides renforcent la recherche actuelle : le bien-être des enfants est lié au type de famille, à la stabilité de ce foyer et aux caractéristiques des parents. Ces résultats ne permettent pas d’affirmer qu’il n’existe « aucune différence » perceptible dans les résultats chez les enfants soumis aux nouvelles structures familiales.”
Plus précisément, l’étude se penche sur la probabilité d’obtenir un diplôme d’études secondaires. Il identifie six types de famille : marié de sexe opposé (ce qui peut inclure des parents remariés), le concubinage hétérosexuel, les parents homosexuels mâles (deux pères, mariés ou en union civile), les parents lesbiens (deux mères, mariées ou en union civile), les mères célibataires et, enfin, les pères célibataires. Elle prend également en compte des caractéristiques importantes des enfants et des parents.
En somme, l’étude constate que, par rapport à leurs pairs vivant avec des parents mariés de sexe opposé (taux de référence à 100%), les enfants élevés par des pères homosexuels avaient moins de chances d’obtenir un diplôme d’études secondaires (69%) et que ceux qui vivent avec des parents lesbiens encore moins (60%).
Fait intéressant, à la fois le sexe des enfants et celui des parents semblent avoir de l’importance. Lorsque l’étude a examiné les garçons et les filles séparément, il a constaté que les filles qui vivent avec des parents lesbiens étaient 45% moins susceptibles d’obtenir leur diplôme que celles qui vivent avec des parents mariés de sexe opposé et que les filles qui vivent avec des pères homosexuels étaient 15% moins susceptibles de l’obtenir.
Les niveaux de fréquentation scolaire n’expliquent pas pourquoi les enfants vivant avec des parents mariés de sexe opposé avaient plus de chances d’obtenir leur diplôme. En outre, l’étude tenant compte de l’état d’invalidité des enfants et si elles sont de la même race que leurs parents, elle explique en partie la nature de la relation enfant-parent, par exemple, si les enfants sont adoptés.
Ces nouvelles données fondées sur des échantillons solides renforcent la recherche actuelle : le bien-être des enfants est lié au type de famille, à la stabilité de ce foyer et aux caractéristiques des parents. Ces résultats ne permettent pas d’affirmer qu’il n’existe « aucune différence » perceptible dans les résultats chez les enfants soumis aux nouvelles structures familiales. Non, les enfants tendent à mieux réussir quand ils sont élevés par leur père et mère biologiques.
Le chercheur, professeur d’économie à la Simon Fraser University, a répondu aux questions de MercatorNet pour rendre compte de sa méthode et de ses résultats. Le blog “Pour une école libre au Québec” qui nous propose cette information a traduit l’entretien en français.
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