À la fin du mois de juillet dernier, la ministre finlandaise de l’Intérieur Päivi Räsänen a provoqué un tollé en comparant l’avortement à une “boucherie” et en affirmant que les animaux sont mieux protégés légalement que les enfants à naître, rapporte LifeSiteNews.
“Les animaux ne doivent pas souffrir lorsqu’ils sont abattus mais il n’est pas autorisé de discuter de la douleur causé par un avortement”, a regretté la femme politique, par ailleurs médecin et patronne du Parti chrétien-démocrate, lors d’un rassemblement organisé par l’Église luthérienne (d’État) à Kankaanpää.
Qualifiant l’avortement de “tabou” et sa légalisation de “boîte de Pandore”, elle a jugé qu’il ne doit être autorisé à aucun stade de la grossesse : “Un enfant, lorsqu’il peut être avorté, n’est pas un morceau de tissu engourdi, mais une personne qui peut ressentir la douleur.”
Päivi Räsänen a également déploré que la Finlande et la Suède soient les seuls pays d’Europe où les médecins ne bénéficient pas de l’objection de conscience. Qu’elle n’idéalise pas : en France, elle n’est pas totale (le médecin doit indiquer à la femme le nom d’un praticien qui pourra tuer l’enfant qu’elle porte), souvent remise en cause et inexistante pour les pharmaciens.
Päivi Räsänen pense qu’il faut « (avoir) le courage d’agir face à l’opinion public en général ou aux normes, à la pression des pairs, et parfois même à la loi, lorsqu’ils contredisent la parole de Dieu”. Selon elle, « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes », lorsque le droit va contre la conscience humaine.
Le lendemain, 960 personnes quittaient officiellement l’Église luthérienne suite à cette sortie, rapportait la presse finlandaise.
Ce chantage médiatique fait aux femmes et hommes politiques conservateurs est courant en Finlande où il n’y a ni distinction ni séparation entre l’Église (en fait deux Églises, l’Église évangélique luthérienne et l’Église orthodoxe grecque, très minoritaire) et l’État.
En 2010, Päivi Räsänen avait affirmé qu’elle considérait l’acte homosexuel comme peccamineux. Environ 40 000 personnes avaient alors, via Internet, quitté l’Église luthérienne (ce qui signifie qu’ils ne lui verseront plus automatiquement l’impôt ecclésiastique, soit environ 1% de leurs revenus annuels).
Davantage préoccupé par ces centaines de départ que par la défense de la vérité, l’archevêque Kari Mäkinen – par ailleurs favorable à la dénaturation du mariage – a déclaré sur Twitter : « On peut être d’accord avec elle (Päivi Räsänen, ndlr) ou avoir un avis différent, mais son point de vue ne doit pas être confondu avec la position de l’Église. Pas plus que l’opinion d’un autre membre de l’Église que vous pourriez croiser dans la rue.”
Interrogée peu après sa sortie “pro-vie”, Päivi Räsänen s’est étonnée de ce remue-ménage médiatique, expliquant avoir reçu des milliers de courriels, la majorité étant selon elle positifs et favorables.
Beaucoup de Finlandais lui expliquent craindre pour leur liberté religieuse ainsi que leur liberté de s’exprimer sur les sujets de société. Bienvenue au club !
Le ministre de l’Intérieur a aussi indiqué que sa maison avait été vandalisée en son absence.
Elle a ajouté qu’elle n’est pas le seul membre du gouvernement à regretter l’absence d’objection de conscience, citant le ministre des Affaires étrangères Erkki Tuomioja. Selon ce dernier, les Finlandais travaillant dans le secteur de la santé doivent pouvoir refuser de participer à un avortement.
Mais, ajoute-t-il en bon social-démocrate athée, ce refus ne doit pas être invoqué au nom de la croyance religieuse. Il “ne peut se fonder que sur les normes universelles de l’éthique humaine, et non sur des directives transmises de là-haut, comme dans le cas de la Bible, le Coran, ou Mein Kampf“, a-t-il déclaré tout en finesse.
Un sondage du quotidien Savon Sanomat montre que 55% des Finlandais sont partisans de retirer les affaires religieuses du portefeuille ministériel de l’Intérieur, mais seulement 10% des électeurs démocrates-chrétiens.
23 Comments
Comments are closed.