Le discours de Lampedusa, ou l’art de la récupération médiatique

Le pape François est-il devenu la nouvelle coqueluche des médias ? En temps normal, le souverain pontife fait partie des cibles privilégiées, à l’exception notable de deux thèmes : l’écologie et la lutte contre la pauvreté. Sur ces deux problématiques, ses prises de position sont abondamment relayées, la protection des droits des plus faibles étant trop large pour être retenue (car intégrant l’embryon et les personnes âgées, et donc l’avortement et l’euthanasie…). Non seulement la France des bonnes consciences sélectionne les discours à retenir, mais elle choisit aussi ceux à qui ils s’appliquent : vous l’avez compris, le seul faible qui puisse être défendu est l’immigré, de préférence musulman, bref l’idole de l’idéologie multiculturaliste.

Résumons. Lorsque Benoît XVI évoque l’islam dans trois petits paragraphes à Ratisbonne, il est assimilé au nouvel Urbain II appelant à la croisade de l’occident contre le monde musulman. Quand il avance que le préservatif n’est pas la solution à l’épidémie du SIDA, c’est au mieux un inconscient au pire un assassin (alors que le succès de la politique ABC en Ouganda et au Bostwana démontre que cette politique n’a rien d’une lubie cléricale). Le Vatican est alors présenté comme une organisation réactionnaire, ne comprenant rien à l’évolution du monde moderne. En conséquence les croyants doivent savoir se démarquer du Vatican sur ces sujets.

En revanche, lorsque le pape François évoque la charité, fustigeant « l’indifférence » à l’égard des migrants, alors les discours papaux deviennent une référence morale pour l’Occident. Accessoirement, certains ne se gênent pas pour accuser les chrétiens d’hypocrisie, car ils ne partageraient pas assez.  Cette position devient bien entendu valable pour tous les catholiques, qui logiquement ne peuvent donc qu’être favorable à l’immigration de masse et aux droits des sans-papiers. Or de même que les positions de l’Église sont caricaturées sur d’autres sujets, les médias réinterprètent le discours du Vatican sur cette question.

“Le souverain pontife est dans son rôle, celui d’éveilleur des consciences. Sachons écouter son beau message qui nous concerne tous, sans pour autant le déformer.”

Il est en effet de bon ton d’assimiler le Vatican à une ONG favorable à une levée totale des barrières nationales. Or l’Église Catholique n’a jamais tenu un tel discours, comme le montre l’article 2 241 de son catéchisme : « Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent. Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges. »

Le texte est clair : si l’accueil de l’étranger est un devoir pour une nation, celui-ci ne doit pas se faire de manière inconditionnelle. L’Église n’a pas la prétention de se mettre à la place des gouvernements, elle demande simplement (ce qui est déjà considérable) le respect des personnes et de leur dignité. Le pape François n’a pas dit autre chose l’autre jour.

Évidemment, certains se sont empressés d’y voir une condamnation morale de la régulation des flux migratoires et de toute tentative d’assimilation. Ceux-là feraient bien de se rappeler que charité bien ordonnée commence par soi-même. Défendre l’ouverture des vannes et les régularisations massives tout en déplorant la détresse identitaire et matérielle des minorités d’origine immigrée relève de l’inconscience : on intègre des individus, pas des peuples entiers, spécialement quand leurs cultures rentrent en conflit avec la nôtre. Ces populations apatrides perdues entre leur pays d’accueil et leur pays d’origine sont finalement un échec pour tout le monde.

Affirmer que le discours de Lampedusa apporte un « vent de nouveauté » est une contre-vérité. Le style du nouveau pape semble plaire aux journalistes, ce dont on ne peut que se réjouir. Mais ses prédécesseurs ont tenu le même discours sur cette question. Il se trouve que le pape François a décidé d’insister en ce début de pontificat sur un aspect du message évangélique en particulier, comme l’y autorise son magistère. Un pape est un être humain, non un robot, avec sa personnalité propre, ce qui influe sur sa fonction. Le souverain pontife est dans son rôle, celui d’éveilleur des consciences. Sachons écouter son beau message qui nous concerne tous, sans pour autant le déformer.

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84 Comments

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  • 0 / 10
  • term , 13 juillet 2013 @ 10 h 19 min

    Ce que dit le pape n’est pas parole d’évangile je ne le dirais jamais assez meme si la il a été plutôt modéré.

    Benoit 16 avait parlé du besoin d’un gouvernement mondiale donc on a un peu l’habitude sur ses sujets avec l’église catholique, en tout cas pour un certain nombres d’évêques d’autres heureusement pensent autrement.

  • François2 , 13 juillet 2013 @ 10 h 34 min

    Nicole, l’exemple que vous donnez va exactement dans mon sens : le Père Pedro est conseilleur et payeur à Madagascar. Donc c’est à Madagascar qu’il faut aller, pas à Lampedusa.

  • René G. Thirion , 13 juillet 2013 @ 12 h 36 min

    N’empêche que ce pape est le continuateur d’un discours qui se veut universel comme l’islam en chloroformant tout idée nationaliste qui seule constitue la défense contre le monde barbare qui agresse et est en train de génocider toute référence à l’esprit français et européen. Dominique Venner s’est montré un grand esprit par rapport à cette religion qui ne défend plus ce qui fut l’empire romain ! Il manque à la chrétienté cette foi qui a motivé les Croisés, les Templiers qui surent démontrer que cette religion sémite de capitulation devant les menaces pouvait avoir encore un peu en soi de la tradition européenne. Aujourd’hui, l’église a oublié les peuples qui l’ont suivi et défendu. C’est peut-être un des messages nobles que Dominique Venner nous a transmis par son suicide sacrificiel en Notre Dame de Paris, dernier vestige de l’attachement de cette religion pour la France et la chrétienté européenne

  • Luc Ruy , 13 juillet 2013 @ 16 h 14 min

    Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts

    http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P1R.HTM

  • Roman Bernard , 13 juillet 2013 @ 16 h 28 min

    [Bâillement.]

  • propatria , 13 juillet 2013 @ 16 h 45 min

    la prodigalité est un péché et vaticand’eux la confond avec la charité

  • Antigone , 13 juillet 2013 @ 16 h 53 min

    Je suis déçue et choquée du discours du pape! Jusqu’où la charité peut-elle s’exercer? Faut-il en arriver à se dépouiller pour accueillir les immigrants? On voit bien la reconnaissance qu’ils ont pour ceux qui les reçoivent!
    “Charité bien ordonnée commence par soi-même”, voilà ce qui devrait primer, voilà ce qu’on aurait dû sentir à travers le discours du pape.

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