La journée noire du 10 août… 1792

Bison futé a annoncé une journée noire sur les routes de France, ce 10 août. Voilà une couleur qui convient bien à cette date. Il y a quelques semaines, la fête nationale du 14 juillet commémorait, non la journée sanglante de 1789, mais la fête de la Fédération qui, un an plus tard, réconciliait les Français dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle, alors que l’essentiel des réformes qui apparaissent aujourd’hui comme le bilan positif de la Révolution était accompli. « L’essentiel a été dit le 4 août » affirme François Furet qui souligne par là que la révolution libérale avait brisé les monopoles, aboli les privilèges, et mis de l’ordre dans le maquis des règlements et du droit. On aurait pu et dû en rester là, avec simplement la tension provoquée par le gigantesque transfert de propriété qui résulte de la vente des « biens nationaux », auparavant propriété du clergé et du domaine royal. Celle-ci a été le contraire d’une nationalisation, puisque les biens appartenant aux deux grandes institutions que sont l’État et l’Église ont été vendus à des particuliers. Ceux-ci en feront parfois bon usage sur le plan économique. Le développement de l’industrie cotonnière dans notre pays lui devra beaucoup. Jusqu’à la Restauration, et au-delà, avec l’affaire de l’indemnisation des émigrés, dont les biens auront également été saisis et vendus, la coalition des acheteurs sera le plus sûr rempart contre un retour de l’Ancien Régime.

Le 10 août 1792 est le jour où la Révolution française montre hélas sa nature spécifique et consacre un échec que notre discours officiel et notre enseignement cherchent désespérément à cacher ou à oublier en prétendant qu’elle est « un bloc ». Deux siècles et quelques années plus tard, après une douzaine de régimes, et la volonté chez certains d’instaurer une sixième république, le bilan est négatif. Si l’on considère la Révolution comme un bloc, on doit se souvenir qu’elle a inspiré par son sens et par ses pires méthodes, la révolution bolchévique qui s’en voyait le prolongement prolétarien et trouvait dans la Terreur le modèle de son action. Le génocide vendéen annonce l’Holodomor ukrainien sous Staline. De manière plus sourde, l’une des particularités de la gauche française est sa haute teneur en poison idéologique si on la compare aux autres gauches européennes, plus pragmatiques. Il y encore chez nous cette idée issue de la révolution jacobine de changer la société et pour cela de façonner l’esprit des hommes qui la composent. C’est ainsi que Mme Belkacem et M. Peillon rêvent à haute voix de changer les mentalités, y compris en imposant l’idéologie du « genre » à l’enseignement libre » au mépris de son caractère propre reconnu par la loi. Un gouvernement doit assurer le bien public. Il n’a pas à intervenir dans la pensée et peser sur les consciences, sauf à être totalitaire dans la pure tradition du 10 août 1792. Les Américains ont fait leur révolution quelques années avant nous, avec le soutien de l’Armée royale. Les Britanniques en ont fait deux, la seconde, un siècle avant la nôtre. Ils n’ont plus changé de régime depuis et aucun de leurs gouvernements ne se croit en charge de décider de la pensée des citoyens.

Le 10 août 1792, c’est l’illustration la plus magistrale de ce qu’écrit encore François Furet : « la période qui va de mai-juin 1789 au 9 thermidor 1794 n’est pas caractérisée par le conflit entre la Révolution et la Contre-révolution, mais par la lutte entre les représentants des Assemblées et les militants des clubs. » Au travers des « journées » et des émeutes, les Jacobins vont imposer la domination d’une « société de pensée » à un pays dont on a détruit la capacité de résistance en faisant disparaître son organisation en « corps ». C’est donc une minorité agissante qui va l’emporter sur les instances censées représenter la majorité. Cela aura trois conséquences négatives. D’abord, ce premier rendez-vous manqué avec la démocratie représentative pèsera sur la suite de notre histoire. Ensuite, ce recours à la violence où à la force, au « coup » d’État ou non, sera assez constant jusqu’à un certain 13 mai 1958, malgré la longue parenthèse entre la Commune et la Première guerre mondiale, où les héritiers des Jacobins prennent le pouvoir et le conservent en ne manquant pas de s’attaquer à la liberté religieuse. Enfin, subsistera, de manière plus ou moins avouée à gauche, l’idée que la légitimité procède du « progrès », de ce sens de l’histoire qu’a incarné la Révolution par son glissement à gauche jusqu’à la terreur.

Le 10 août 1792, préparée par un Comité d’insurrection, soutenue par une Commune insurrectionnelle, l’attaque des Tuileries est menée par les volontaires nationaux, les « fédérés » et les sections parisiennes qui massacreront les défenseurs, les gardes suisses, notamment, lorsque ceux-ci cesseront leur résistance sur l’ordre du Roi. Celui-ci sera suspendu et emprisonné au Temple. Deux ans de cauchemar vont suivre marqués par les règlements de compte entre les factions et les individus, Girondins et Jacobins, Danton et Robespierre, le premier responsable des massacres de Septembre, l’autre de la Grande Terreur. La Convention est sans doute l’époque la plus noire de notre histoire sur le plan intérieur. En revanche, cette république calamiteuse sera sauvée par l’élan de la Nation et par ses victoires militaires. Valmy n’a pas été une grande bataille, mais c’est un grand événement qui a deux faces : d’abord, c’est la réaction d’une Nation à laquelle l’étranger veut dicter sa loi. Le stupide manifeste du duc de Brunswick promettant de livrer Paris à une exécution militaire avait été le détonateur du 10 août. Valmy est la réponse de la France au roi de Prusse. Mais, ensuite, la guerre a changé de sens. Sous l’Ancien Régime, les guerres n’étaient que des moyens d’accroître les territoires soumis aux monarques. Les mariages ou les alliances étaient d’autres moyens. Désormais, la guerre va prendre un tour idéologique. Les révolutionnaires haïssaient l’Autriche, dont la monarchie française s’était rapprochée par le mariage de Louis XVI avec Marie-Antoinette. Ils avaient de la sympathie pour la Prusse et surtout pour l’Angleterre, pourtant nos véritables ennemis. Ces pays vont certes combattre la contagion révolutionnaire, mais ils vont surtout continuer leur politique ancienne, comme en  témoignent les partages de la Pologne en 1793 et 1795. Les Français vont au contraire inaugurer des guerres idéologiques appuyées sur la conscription générale. Le 10 août marque donc une rupture, désastreuse pour notre pays et sans doute aussi pour l’Europe.

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  • Louis A. F. G. von Wetzler , 11 août 2013 @ 20 h 25 min

    Le retour de la date du 10 août ravive chaque année le triste souvenir de la prise des Tuileries, de l’emprisonnement du Roy et du massacre de ses dévoués défenseurs, en 1792.

    Voici un témoignage de tout premier ordre sur ces évènements et sur les semaines qui suivirent, inaugurant la « grande terreur » : il s’agit de la lettre écrite par Pauline de Tourzel, après être sortie de prison et avoir échappé aux massacres des 2 et 3 septembre 1792.
    Pauline de Tourzel, fille de la dernière gouvernante des Enfants de France, était âgée de 21 ans au moment des évènements qu’elle raconte ici à sa soeur, la Comtesse de Sainte-Aldegonde, alors à l’étranger.

    “Tout ce que j’ai pu vous dire hier, ma chère Joséphine, c’est que ma mère et moi étions hors de péril ; mais je veux vous raconter aujourd’hui comment nous avons échappé aux plus affreux dangers ; une mort certaine m’en paraissait le moindre, tant la crainte des horribles circonstances dont elle pouvait être accompagnée ajoutait à mes frayeurs.

    Je reprendrai l’histoire d’un peu loin, c’est-à-dire du moment où la prison a mis fin à notre correspondance.

    Vous savez que le 10 août, ma Mère avec Monsieur le Dauphin accompagna le Roi à la convention ; moi restée seule aux Tuileries, dans l’appartement du Roi, je m’attachai à ne pas quitter la Princesse de Tarente, parce que ma Mère m’avait recommandée à ses soins, et nous nous promîmes, quels que fussent les événements, de ne pas nous séparer.

    Bientôt après le départ du Roi, commença une canonnade dirigée contre le château ; nous entendîmes siffler les balles d’une manière effrayante ; les carreaux cassés et les fenêtres brisées faisaient un vacarme effroyable. Pour nous mettre un peu à l’abri et n’être point du côté d’où l’on tirait le canon, nous nous retirâmes dans l’appartement de la Reine au rez-de-chaussée sur le jardin. Là, il nous vint à l’idée de fermer les volets et d’allumer toutes les bougies des lustres et des candélabres, espérant, si les brigands devaient forcer notre porte, que l’étonnement que leur causeraient tant de lumières nous sauverait de leurs premiers coups et nous laisserait le temps de leur parler. A peine nos arrangements étaient-ils finis, que nous entendîmes dans les chambres précédentes des cris affreux et un cliquetis d’armes qui ne nous annonça que trop que le château était forcé, et qu’il fallait nous armer de courage. Ce fut l’affaire d’un moment ; les portes furent enfoncées, et des hommes le sabre à la main, les yeux hors de la tête, se précipitèrent dans le salon ; ils s’arrêtèrent à l’instant comme stupéfaits ; une douzaine de femmes dans cette chambre! (car nous étions réunies avec plusieurs Dames de la Reine, de Madame Élisabeth et de Mme de Lamballe). Ces lumières répétées dans les glaces faisaient un tel contraste avec la clarté du jour, que les brigands en furent confondus.

    Plusieurs des Dames qui étaient dans la chambre se trouvèrent mal. Mme de Ginestoux se jeta à genoux et avait tellement perdu la tête, qu’elle balbutiait des mots de pardon. Nous allâmes à elle, la fîmes taire, et pendant que je la rassurais, cette bonne Mme de Tarente priait un Marseillais de prendre sous sa protection cette Dame à cause de la faiblesse de sa tête. Cet homme y consentit et la tira aussitôt de la chambre ; puis, tout à coup revenant à celle qui lui avait parlé pour une autre, et frappé d’une telle générosité dans cette circonstance, il dit à Mme de Tarente : Je sauverai cette Dame et vous aussi et votre petite compagne aussi. En effet, il remit Mme de Ginestoux entre les mains d’un de ses camarades ; puis il prit Mme de Tarente et moi chacune sous un bras, et nous tira hors de l’appartement.

    En sortant du salon, il nous fallut passer sur le corps d’un valet de pied de la Reine, et d’un de ses valets de chambre, qui tous deux fidèles à leur poste, et n’ayant pas voulu abandonner l’appartement de leur maîtresse, en avaient été les victimes. Cette vue me serra le cœur : la Princesse de Tarente et moi nous nous regardâmes, pensant que peut-être bientôt nous aurions le même sort. Enfin, après beaucoup de peine, cet homme qui nous donnait le bras parvint à nous faire sortir du château par une petite porte auprès des souterrains. Nous nous trouvâmes sur la terrasse, puis à la porte du pont Royal. Là, notre protecteur nous quitta, ayant, disait-il, rempli son engagement de nous conduire sûrement hors des Tuileries.

    Je pris alors le bras de Mme de Tarente, qui, croyant se soustraire aux regards de la multitude, voulut, pour retourner chez elle, descendre sur le bord de la rivière. Nous marchions doucement et sans proférer une parole, lorsque nous entendîmes des cris affreux derrière nous. En nous retournant, nous aperçûmes une foule de brigands qui couraient sur nous le sabre à la main ; à l’instant il en parut autant devant nous et sur le quai par dessus le parapet ; d’autres nous tenaient en joue, criant que nous étions des échappées des Tuileries.

    Pour la première fois de ma vie j’eus peur ; cette manière d’être massacré me paraissait affreuse. Mme de Tarente parla à la multitude, et obtint que sous escorte nous serions conduites au district.

    Il fallut traverser toute la place Louis XV au milieu des morts ; car beaucoup des Suisses y avaient été massacrés. Nous étions suivies d’un peuple immense qui nous disait toutes les injures possibles.

    Nous fûmes menées rue des Capucines, et là nous nous fîmes connaître : la personne à qui nous parlâmes était un honnête homme ; il jugea promptement combien était pénible la position dans laquelle nous nous trouvions ; il donna un reçu de nos personnes ; il dit très haut que nous allions être conduites en prison, et congédia ainsi ceux qui nous avaient amenées. Se trouvant seul avec nous, il nous assura de son intérêt, en nous promettant qu’à la chute du jour il nous ferait reconduire chez nous. En effet, sur les huit heures et demie du soir, il nous donna deux personnes sûres pour nous conduire, et nous fit passer par une porte de derrière, pour éviter les espions qui entouraient sa maison. Nous arrivâmes chez la Duchesse de La Vallière, grand’mère de Mme de Tarente, et chez laquelle elle logeait. Je demandai à cette bonne Princesse de Tarente de ne la pas quitter pendant la nuit, et je me couchai sur un canapé dans sa chambre.

    A cinq heures du matin, pendant que nous causions ensemble de tout ce qui nous était arrivé, nous entendîmes frapper à la porte : c’était mon frère qui, ayant passé la nuit aux Feuillants, près du Roi, venait nous en donner des nouvelles, et me dire que la Reine avait demandé à ma Mère que je vinsse la rejoindre ; que le Roi en avait demandé la permission à l’Assemblée, qui l’avait accordée ; que dans une heure il viendrait me chercher pour me conduire aux Feuillants. Cette nouvelle me fit un sensible plaisir ; j’étais heureuse de me retrouver avec ma Mère et d’unir mon sort au sien et à celui de la famille royale.

    A huit heures du matin j’arrivai aux Feuillants ; je ne puis assez vous dire quelle fut la bonté du Roi et de la Reine quand ils me virent ; ils me firent bien des questions sur les personnes dont je pouvais leur donner des nouvelles. Madame et Monsieur le Dauphin me reçurent avec une amitié touchante, m’embrassèrent et me dirent que nous ne nous séparerions plus.

    Une demi-heure avant le départ pour le Temple, Madame Élisabeth m’appela, m’emmena avec elle dans un cabinet et me dit : ma chère Pauline, nous connaissons votre discrétion et votre attachement pour nous. J’ai une lettre de la plus grande importance dont je voudrais me débarrasser avant de partir d’ici ; aidez-moi à la faire disparaître. Il n’y avait ni feu ni lumière ; nous prîmes cette lettre de huit pages ; nous en déchirâmes quelques morceaux que nous essayâmes de broyer entre nos doigts et sous nos pieds ; mais comme cela devenait trop long, et qu’elle craignait que son absence ne donnât quelques soupçons, je pris une page entière de la lettre ; je la mis dans ma bouche et je l’avalai. Cette bonne Madame Élisabeth voulait en faire autant, mais son cœur se soulevait ; je m’en aperçus et lui demandai les deux autres pages que j’avalai encore, de manière qu’il n’en resta plus de vestiges. Nous rentrâmes, et l’heure du départ pour le Temple étant arrivée, la famille royale monta dans une voiture à dix places composée de la manière suivante :

    Le Roi, la Reine, et Monsieur le Dauphin dans le fond ; Madame Élisabeth, Madame, et Manuel, procureur de la commune sur le devant ; la Princesse de Lamballe et ma mère sur une banquette de portière ; et moi, avec un nommé Collonge, membre de la commune, sur la banquette vis-à-vis. La voiture allait au plus petit pas : on traversa la place Vendôme ; la voiture s’arrêta, et Manuel, faisant remarquer la statue de Louis XIV qui venait d’être renversée, dit au Roi : «Vous voyez comme le peuple traite les Rois». A quoi le Roi devint rouge d’indignation, mais se modérant à l’instant, S.M. répondit avec un calme angélique : — «Il est heureux, Monsieur, quand sa rage ne porte que sur des objets inanimés». Le plus profond silence suivit et régna tout le reste du chemin. On prit les boulevards ; et le jour commençait à tomber lorsqu’on arriva au Temple.

    La cour, la maison, le jardin étaient illuminés ; et cela avait un air de fête qui contrastait terriblement avec la position de la famille royale. Le Roi, la Reine et nous autres de leur suite, nous entrâmes dans un fort beau salon ; on y resta plus d’une heure sans pouvoir obtenir de réponse aux questions que l’on faisait pour savoir où étaient les appartements. Monsieur le Dauphin tombait de sommeil et demandait à se coucher. On servit un grand souper auquel on toucha peu. Ma mère pressant vivement pour savoir où était la chambre destinée à Monsieur le Dauphin, on annonça enfin qu’on allait l’y conduire.

    On alluma des torches, on fit traverser la cour, puis un souterrain ; enfin on arriva à la tour, où nous entrâmes par une petite porte qui ressemblait fort à un guichet de prison.

    La Reine et Madame furent établies dans la même chambre, qui était séparée de celle de Monsieur le Dauphin et de celle de ma Mère par une petite antichambre dans laquelle couchait la Princesse de Lamballe. Le Roi fut logé au second, et Madame Elisabeth, pour laquelle il n’y avait plus de chambre, fut établie près de celle du Roi, dans une cuisine d’une saleté épouvantable ; cette bonne Princesse dit à ma mère qu’elle se chargeait de moi. Effectivement elle fit mettre un lit de sangle auprès du sien, et nous passâmes la nuit sans dormir, la chambre dans laquelle donnait cette cuisine servant de corps-de-garde.

    Le lendemain à huit heures nous descendîmes chez la Reine, qui était déjà levée et dont la chambre devait servir de salon ; depuis on y passa les journées entières et on ne remontait au second que pour se coucher. L’on n’était jamais seul dans cette chambre de la Reine : toujours un municipal était présent ; à toutes les heures il était changé.

    Tous nos effets avaient été pillés dans notre appartement des Tuileries. Je ne possédais absolument que la robe que j’avais sur le corps lors de ma sortie du château. Madame Elisabeth, à qui l’on venait d’envoyer quelques effets, me donna une de ses robes ; elle ne pouvait aller à ma taille ; nous nous occupâmes de la découdre pour la refaire ; tous les jours, la Reine, Madame, Madame Élisabeth y travaillaient un peu ; c’était notre occupation. Mais nous ne pûmes la finir.

    La nuit du 19 au 20 d’août, il était environ minuit, lorsque nous entendîmes frapper à travers la porte de notre chambre : on nous intima, de la part de la commune de Paris, l’ordre d’enlever du Temple la Princesse de Lamballe, ma Mère et moi.

    Madame Elisabeth se leva sur-le-champ ; elle-même m’aida à m’habiller, m’embrassa et me conduisit chez la Reine. Nous trouvâmes tout le monde sur pied : la séparation d’avec la famille royale fut une peine cruelle ; et quoique on nous assurât que nous reviendrions après avoir subi un interrogatoire, un sentiment secret nous disait que nous la quittions pour longtemps.

    Nous traversâmes les souterrains aux flambeaux ; à la porte du Temple nous montâmes en fiacre et on nous conduisit à l’Hôtel-de-Ville. On nous établit dans une grande salle ; et de peur que nous pussions causer ensemble, un municipal était assis entre chacune de nous et nous séparait. Nous restâmes ainsi sur des banquettes pendant plus de deux heures ; enfin, vers les trois heures du matin, on vint appeler la Princesse de Lamballe pour l’interroger ; ce fut l’affaire d’un quart d’heure après lequel on appela ma Mère ; je voulus la suivre, on s’y opposa, disant que j’aurais mon tour ; ma Mère, en arrivant dans la salle d’interrogation qui était publique, demanda que je fusse ramenée auprès d’elle, mais on la refusa très rudement, lui disant que je ne courais aucun danger étant sous la sauvegarde du peuple. On vint enfin me chercher et on me conduisit à la salle d’interrogatoire. Là, monté sur une estrade, on était en présence d’une foule immense de peuple qui remplissait la salle ; il y avait aussi des tribunes remplies d’hommes et de femmes. Billaud de Varennes debout faisait les questions, et un secrétaire écrivait les réponses sur un grand registre. On me demanda mon nom, mon âge, et on me questionna beaucoup sur la journée du 10 août, me disant de déclarer que j’avais vu et que j’avais entendu dire au Roi et à la famille royale. Ils ne surent que ce que je voulus bien ; car je n’avais nullement peur ; je me trouvais comme soutenue par une main invisible qui ne m’a jamais abandonnée et m’a toujours fait conserver ma tête avec beaucoup de sang-froid.

    Je demandai très haut d’être réunie à ma Mère et de ne la pas quitter. Plusieurs voix s’élevèrent pour dire oui, oui, d’autres murmurèrent, mais on me fit descendre les marches du gradin sur lequel on était élevé, et après avoir traversé plusieurs corridors, je me vis ramener à ma Mère, que je trouvai bien inquiète de moi ; elle était avec la Princesse de Lamballe, et nous fûmes toutes les trois réunies.

    Nous restâmes dans le cabinet de Tallien jusqu’à midi. On vint alors nous chercher pour nous conduire à la prison de la Force. On nous fit monter dans un fiacre ; il était entouré de gendarmes, suivi d’un peuple immense : il y avait un officier de gendarmerie avec nous dans la voiture. C’est par le guichet donnant sur la rue des Ballays, près la rue Saint-Antoine, que nous entrâmes dans cette horrible prison. On nous fit d’abord passer dans l’appartement du concierge, afin d’inscrire nos noms sur le registre, et je n’oublierai jamais qu’un individu fort bien mis et qui se trouvait là, s’approchant de moi, qui étais restée seule dans la chambre, me dit : Mademoiselle, votre position m’intéresse ; je vous donne le conseil de quitter ici les airs de cour que vous avez, et d’être plus familière et plus affable.

    Indignée de l’impertinence de ce monsieur, je le regardai fixement et lui répondis que telle j’avais été, telle je serais toujours ; que rien ne pourrait influer sur mes sentiments ni mon caractère, et que l’impression qu’il remarquait sur mon visage n’était autre chose que l’image de ce qui se passait dans mon cœur indigné des horreurs que nous voyions! Il se tut et se retira l’air fort mécontent.

    Ma Mère entra alors dans la chambre, mais, hélas! ce ne fut pas pour longtemps ; nous fûmes toutes les trois séparées. On conduisit maman dans un cachot, et moi dans un autre. Je suppliai d’être réunie à elle ; mais on fut inexorable.

    Le guichetier vint m’apporter une cruche d’eau. C’était un très bon homme. Me voyant au désespoir d’être séparée de ma Mère et ne sollicitant au monde que d’être réunie à elle, cela le toucha, et ce pauvre homme cherchant à adoucir ma peine, me laissa son chien, afin, me disait-il, de me donner une distraction. Surtout ne me trahissez pas, me dit-il, j’aurai l’air de l’avoir oublié par mégarde.

    A 6 heures du soir, il revint me voir et me trouvant toujours dans le même état de chagrin : je vais vous confier un secret. Votre Mère est dans le cabinet au-dessous du vôtre ; ainsi vous n’êtes pas loin d’elle. D’ailleurs, ajouta-t-il, vous allez avoir dans une heure la visite de Manuel, le procureur de la commune, qui viendra s’assurer si tout est dans l’ordre ; n’ayez pas l’air, je vous en prie, de savoir tout ce que je vous dis.

    En effet, quelque temps après, j’entendis tirer les verrous de la chambre voisine, puis ceux de la mienne ; je vis entrer trois hommes dont un que je reconnus très bien pour être Manuel, le même qui avait conduit le Roi au Temple. Il trouva la chambre où j’étais très humide, et parla de m’en faire changer. Je saisis cette occasion de lui dire que tout m’était égal ; que la seule grâce que je sollicitais de lui particulièrement était de me réunir à ma Mère : je lui demandai avec une grande vivacité ; et je vis que ma demande le touchait ; puis il dit : Demain je dois revenir ici, et nous verrons ; je ne vous oublierai pas. Le pauvre guichetier en fermant la porte me dit à voix basse : Il est touché ; je lui ai vu des larmes dans les yeux, ayez courage ; à demain.

    Ce bon François, car c’était le nom de ce guichetier, me donna de l’espoir et me fit un bien que je ne puis exprimer : je me mis à genoux, fis mes prières, et avec un calme et une tranquillité extrême je me jetai toute habillée sur l’horrible grabat qui servait de lit ; je dormis jusqu’au jour.

    Le lendemain à sept heures du matin, ma porte s’ouvrit et je vis entrer Manuel qui me dit : J’ai obtenu de la commune la permission de vous réunir à votre Mère ; suivez-moi.

    Nous descendîmes dans la chambre de ma Mère, je me jetai dans ses bras, croyant tous ses malheurs finis puisque je me trouvais auprès d’elle. Elle remercia beaucoup Manuel, et lui demanda d’être réunie à la Princesse de Lamballe, puisque nous avions été transférées avec elle ; il réfléchit un moment, puis il dit : Je le veux bien, je prends cela sur moi, et je vais vous conduire dans sa chambre. Effectivement, à huit heures du matin nous étions réunies toutes les trois, seules, et nous éprouvâmes un moment de bonheur de pouvoir partager ensemble nos infortunes.

    Le lendemain matin nous reçûmes un paquet venant du Temple. C’étaient nos effets que nous renvoyait la Reine. Elle-même, avec cette bonté qui ne se dément point, avait pris soin de les réunir. Parmi eux se trouvait cette robe de Madame Élisabeth dont je vous ai parlé plus haut. Elle devient pour moi un gage d’un éternel souvenir, d’un éternel attachement, et je la conserverai toute ma vie.

    L’incommodité de notre logement, l’horreur de la prison, le chagrin d’être séparées du Roi et de sa famille, la sévérité avec laquelle cette séparation semblait nous promettre d’être traitées, tout cela m’attristait fort, je l’avoue, et effrayait extrêmement cette malheureuse Princesse de Lamballe. Quant à ma Mère, elle montrait cet admirable courage que vous lui avez vu dans de tristes circonstances de sa vie, ce courage qui, n’ôtant rien à sa sensibilité, laisse cependant à son âme toute la tranquillité nécessaire pour que son esprit puisse lui être d’usage. Elle travaillait, elle lisait, elle causait d’une manière aussi calme, que si elle n’eût rien craint ; elle paraissait affligée, mais ne semblait pas même inquiète.

    Nous étions depuis près de quinze jours dans ce triste séjour, lorsqu’une nuit, vers une heure du matin, étant toutes trois couchées et endormies comme on dort dans une telle prison, de ce sommeil qui laisse encore de la place à l’inquiétude, nous entendîmes tirer les verrous de notre porte ; elle s’ouvrit, un homme parut et me dit : Mlle de Tourzel, levez-vous promptement et suivez-moi. Je tremblais et ne répondais ni remuais. — Que voulez-vous faire de ma fille, dit ma Mère à cet homme ? — Que vous importe? répondit-il, d’une manière qui me parut bien dure ; il faut qu’elle se lève et qu’elle me suive. — Levez-vous, Pauline, me dit ma mère et suivez-le, il n’y a rien à faire ici que d’obéir. Je me levai lentement, et cet homme restait toujours dans la chambre ; dépêchez-vous, dit-il deux ou trois fois ; dépêchez-vous, Pauline, me dit aussi ma Mère.

    J’étais habillée, mais je n’avais pas changé de place ; j’allai à son lit et je pris sa main ; mais l’homme ayant vu que j’étais levée, s’approcha, me prit par le bras et m’entraîna malgré moi. Adieu, Pauline, que le bon Dieu vous bénisse et vous protège! cria ma Mère. Je ne pouvais lui répondre ; deux grosses portes étaient déjà entre elle et moi, et cet homme m’entraînait toujours.

    Comme nous descendions l’escalier, il entendit du bruit ; avec l’air fort inquiet, il me fit entrer précipitamment dans un petit cachot, ferma la porte, prit la clé et disparut.

    Ce cachot était éclairé par un bout de chandelle ; en moins d’un quart d’heure, cette chandelle finit, et je ne puis vous exprimer ce que je ressentis et les réflexions sinistres que m’inspirait cette lueur tantôt forte, tantôt mourante : elle me représentait mon agonie, et me disposait à faire le sacrifice de ma vie, mieux que n’auraient pu faire les discours les plus touchants.

    Je restai alors dans une profonde obscurité, puis j’entendis ouvrir doucement la porte ; on m’appela, et à la lueur d’une petite lanterne je reconnus l’homme qui m’avait enfermée une heure auparavant, pour être celui qui était dans la chambre du concierge lors de notre arrivée à la Force, et qui avait voulu me donner des conseils. Il me fit marcher doucement ; au bas de l’escalier, il me fit entrer dans une chambre, me montra un paquet et me dit de m’habiller avec ce que je trouverais là dedans ; il renferma la porte et je restai immobile, sans agir ni presque penser ; je ne sais combien de temps je restai dans cet état ; j’en fus tirée par le bruit de la porte qui se rouvrit et le même homme parut : Quoi ! vous n’êtes pas encore habillée! me dit-il d’un air inquiet ; il y a de votre vie, si vous ne sortez promptement d’ici. Je regardai alors les habits qui étaient dans le paquet, c’étaient des habits de paysanne ; ils me parurent assez larges pour aller par-dessus les miens ; je les eus passés dans un instant. Cet homme me prit par le bras et me fit sortir de la chambre ; je me laissais entraîner sans faire aucune question, presque même aucune réflexion, et je voyais à peine ce qui se passait autour de moi.

    Lorsque nous fûmes hors des portes de la prison, j’aperçus, à la clarté du plus beau clair de lune, une prodigieuse multitude de peuple, et j’en fus entourée dans le moment. Tous ces hommes avaient l’air féroce : ils étaient armés de sabres et semblaient attendre quelque victime pour la sacrifier. Voici une prisonnière qu’on sauve, crièrent-ils tous à la fois en me menaçant de leurs sabres. L’homme qui me conduisait faisait l’impossible pour les écarter de moi et pour se faire entendre ; je vis alors qu’il portait la marque qui distingue les représentants de la communauté de Paris ; cette marque étant un droit pour se faire écouter, on le laissa parler.

    Il dit que je n’étais pas prisonnière, qu’une circonstance m’ayant fait me trouver à la prison de la Force, il m’en venait tirer par ordre supérieur, les innocents ne devant pas périr comme les coupables. Cette phrase me fit frémir pour ma mère qui était restée enfermée ; les discours de mon libérateur, car je commençais à voir que c’était le rôle qu’avait entrepris cet homme dont les manières m’avaient semblé si dures ; ses discours, dis-je, faisaient effet sur la multitude, et l’on allait enfin me laisser passer, lorsqu’un soldat, en uniforme de garde national, s’avança et dit au peuple qu’on le trompait, que j’étais Mlle de Tourzel, qu’il me connaissait fort bien pour m’avoir vu mille fois aux Tuileries chez le Dauphin, lorsqu’il y était de garde, et que mon sort ne devait pas être différent de celui des autres prisonniers. Alors la fureur redoubla tellement contre moi et contre mon protecteur que je crus bien certainement que le seul service qu’il m’aurait rendre serait de me conduire à ma mort, au lieu de me la laisser attendre. Enfin, ou son adresse, ou son éloquence, ou mon bonheur me tira encore de là, et nous nous trouvâmes libres de poursuivre notre chemin. Il pouvait cependant s’y rencontrer encore mille obstacles ; nous avions à passer des rues dans lesquelles nous devions trouver beaucoup de peuple ; je pouvais encore être reconnue et pouvais encore être arrêtée ; cette crainte détermina mon guide à me laisser dans une petite cour fort sombre, et par laquelle il ne pouvait venir personne, pour aller voir ce qui se passait aux environs, et s’il pouvait sans danger me mener avec lui. Il revint au bout d’une demi-heure, me dit qu’il croyait plus prudent de changer de costume, et il m’apportait un habit, un pantalon et une redingote, dont il voulait que je me vêtisse. Je n’étais guère tentée de ce déguisement qu’il pensait nécessaire ; il me répugnait de périr sous des habits qui ne devaient pas être les miens ; je m’aperçus qu’il ne m’avait apporté ni chapeau, ni souliers ; j’avais sur la tête un bonnet de nuit et aux pieds des souliers de couleur ; le déguisement devenait impossible, et je restai comme j’étais.

    Pour sortir d’où nous étions, il fallait repasser presqu’aux portes de la prison où étaient les assassins, ou traverser une église (le petit Saint-Antoine) dans laquelle se tenait une assemblée qui devait légaliser leurs crimes ; l’un ou l’autre de ces passages étaient également dangereux pour moi.

    Nous choisîmes celui de l’église, et je fus obligée de la traverser me traînant presque à terre par les bas-côtés, afin de n’être pas aperçue de ceux qui formaient l’assemblée. Il me fit entrer dans une petite chapelle de côté, et me plaçant derrière les débris d’un autel renversé, il me recommanda bien de ne pas remuer, quelque bruit que j’entendisse, et d’attendre son retour qui serait le plus prochain qu’il pourrait. Je m’assis sur mes talons, entendant beaucoup de bruit, des cris mêmes ; mais je ne bougeai pas, bien résolue à attendre là mon sort, et remettant ma vie entre les mains de la Providence en laquelle je m’abandonnai avec confiance, résignée à recevoir la mort si tels étaient ses décrets.

    Je fus très longtemps dans cette chapelle ; enfin je vis arriver mon guide, et nous sortîmes de l’église avec les mêmes précautions que nous avions prises pour y entrer. Très peu loin de là, mon libérateur s’arrêta à une maison qu’il me dit être la sienne ; il me fit entrer dans une chambre, et m’y ayant renfermée, il me quitta sur-le-champ. J’eus un moment de joie en me trouvant seule, mais je n’en jouis pas longtemps ; le souvenir des périls que j’avais courus ne me montrait que trop ceux auxquels ma Mère était livrée, et je restai tout entière à mes tristes craintes ; je m’y abandonnais depuis plus d’une heure, lorsque M. Hardy (car il est temps que je vous nomme celui auquel nous devons la vie) revint et me parut avoir un air plus effrayé que je ne l’avais vu de toute la matinée. Vous êtes connue, me dit-il, on sait que je vous ai sauvée, on veut vous ravoir, on croit que vous êtes ici, on peut vous y venir prendre ; il en faut sortir tout de suite, mais non pas avec moi, ce serait vous remettre dans un danger certain, prenez ceci, me dit-il en me montrant un chapeau avec un voile et un mantelet noir. Écoutez bien tout ce que je vais vous dire, et surtout n’oubliez pas la moindre chose.

    En sortant de cette porte, vous tournerez à droit ; puis vous prendrez la première rue à gauche ; elle vous conduira sur une petite place dans laquelle donnent trois rues ; vous prendrez celle du milieu, puis auprès d’une fontaine, vous trouverez un passage qui vous conduira dans une autre grande rue ; vous y verrez un fiacre arrêté près d’une allée sombre ; cachez-vous dans cette allée, et vous n’y serez pas longtemps sans me voir paraître ; partez vite, et surtout, dit-il, après me l’avoir encore répété, tâchez de n’oublier rien de tout ce que je viens de vous dire ; car je ne saurais comment vous retrouver ; et alors que pourriez-vous devenir?

    Je vis la crainte qu’il avait que je ne me souvinsse pas bien de tous les renseignements qu’il m’avait donnés ; cette crainte, en augmentant celle que j’avais moi-même, me troubla tellement qu’en sortant de la maison, je savais à peine si je devais tourner à droite ou à gauche. Comme il vit de la fenêtre que j’hésitais, il me fit un signe, et je me souvins alors de tout ce qu’il m’avait dit.

    Mes deux habillements l’un sur l’autre me donnaient une figure étrange, mon air inquiet pouvait me faire paraître suspecte ; il me semblait que tout le monde me regardait avec étonnement. J’eus bien de la peine à arriver jusqu’où je devais trouver le fiacre, mais enfin je l’aperçus, et je ne puis vous dire la joie que j’en ressentis. Je me crus pour lors absolument sauvée. Je me retirai dans l’allée sombre en attendant que M. Hardy parût. Un quart d’heure s’était passé et il ne venait point. Alors mes craintes redoublèrent ; si je restais plus longtemps dans cette allée, je craignais de paraître suspecte aux gens du voisinage ; mais comment en sortir? je ne connaissais pas le quartier dans lequel je me trouvais ; si je faisais la moindre question, je pouvais me mettre dans un grand danger ; enfin comme je méditais tristement sur le parti que je devais prendre, je vis venir M. Hardy ; il était avec un autre homme. Ils me firent monter dans le fiacre et y montèrent avec moi. L’inconnu se plaça sur le devant de la voiture et me demanda si je le reconnaissais. Parfaitement, lui dis-je, vous êtes M. Billaud de Varennes qui m’avez interrogée à l’Hôtel-de-Ville. Il est vrai, dit-il, je vais vous conduire chez Danton, afin de prendre ses ordres à votre sujet. Arrivés à la porte de Danton, ces messieurs descendirent, montèrent chez lui et revinrent peu après me disant : Vous voilà sauvée ; il ne nous reste plus maintenant qu’à vous conduire dans un endroit où vous ne puissiez pas être connue, autrement il pourrait encore ne pas être sûr.

    Je demandai à être menée chez Mme la Marquise de Lède, une de mes parentes. Elle était très âgée, et par conséquent je pensais ne pouvoir la compromettre. Billaud de Varennes s’y opposa à cause du nombre de ses domestiques dont plusieurs peut-être ne seraient pas discrets sur mon arrivée dans la maison, et me demanda d’indiquer une maison obscure. Je me souvins alors de la bonne Babet, notre fille de garde-robe ; je pensai que je ne pouvais être mieux que dans une maison pauvre et dans un quartier retiré. Billaud de Varennes, car c’était toujours lui qui entrait dans ce détail, me demanda le nom de la rue pour l’indiquer au cocher. Je nommai la rue du Sépulcre.

    Ce nom dans un moment comme celui où nous étions lui fit une grande impression, et je vis sur son visage un sentiment d’horreur de ce rapprochement avec tous les événements qui se passaient. Il dit un mot tout bas à M. Hardy, lui recommanda de me conduire où je demandais à aller et disparut.

    Pendant le chemin, je ne parlai que de ma Mère ; je demandai si elle était encore en prison. Je voulais aller la rejoindre si elle y était encore ; je voulais aller moi-même plaider son innocence. Il me paraissait affreux que ma Mère fût exposée à la mort à laquelle on venait de m’arracher : moi sauvée, ma Mère périr! cette pensée me mettait hors de moi.

    M. Hardy chercha à me calmer, me dit que j’avais pu voir que depuis le moment où il m’avait séparée d’elle, il n’avait été occupé que du soin de me sauver ; qu’il y avait malheureusement employé beaucoup de temps, mais qu’il se flattait qu’il lui en resterait encore assez pour servir ma Mère ; que ma présence ne pouvait que nuire à ses desseins ; qu’il allait sur-le-champ retourner à la prison et qu’il ne regarderait sa mission comme finie que lorsqu’il nous aurait réunies ; qu’il me demandait du calme, qu’il avait tout espoir.

    Il me laissa remplie de reconnaissance pour le danger où il s’était mis à cause de moi, et avec l’espérance qu’il sauverait ma Mère de tous ceux que je craignais pour elle.

    Adieu, ma chère Joséphine ; je suis si fatiguée que je ne puis plus écrire, d’ailleurs ma Mère me dit qu’elle veut vous raconter elle-même ce qui la regarde, et elle vous l’écrira demain.”

  • mariedefrance , 11 août 2013 @ 20 h 29 min

    un changement de société se fait souvent dans la douleur !!!

    qu’entendez-vous par là ?
    merci

  • mariedefrance , 11 août 2013 @ 20 h 39 min

    Qui sont ces Belkacem et Peillon sinon juste une maroco-française et un franc mac !

    Ils ne sont pas le peuple tout entier pour nous imposer ce que nous refusons.
    Une vague de fonds se prépare pour balayer ce tout petit monde dont l’égo n’a d’égal que la nullité satanique qui les habite.

    Le printemps a été pluvieux en France,
    Je pense que l’automne sera brulant.

    Il n’y a aucun chef, aucun état major pour diriger cette révolution cocotte-minute aussi le peuple seul saura la faire valoir !!
    Que faire d’autre ?

  • Gisèle , 11 août 2013 @ 21 h 08 min

    Cela me rappelle un certain sketch de Pierre Dac !!!
    Qu’entendez vous par là ?? oh rien …..

  • Gisèle , 11 août 2013 @ 21 h 10 min

    Tant que nous chanterons la Marseillaise :
    Qu’un sang impur abreuve nos sillons ….. rien ne changera !!!
    Remplacez ce chant et vite !!

  • Louis A. F. G. von Wetzler , 11 août 2013 @ 21 h 48 min

    Ma très chère amie, mais pas avec un génocide et aujourd’hui avec un epouvantable mémoricide. La terreur c’est l’origine de tous les totalitarismes du XX siécle, c’est pour cela que je deteste la révolution, trop des martyres pas seulement le Roi, la Reine, Mme Élisabeth de France, mais aussi des milles de paysans et simples gens des villes de l’Ouest de la France.

  • mariedefrance , 11 août 2013 @ 21 h 58 min

    https://pbs.twimg.com/media/BRLpdXXCEAIJLic.jpg:large

    « Pour les Français, le train de l’Histoire est arrivé à son terminus.

    C’est fini. Il faut ramasser ses bagages et se préparer à descendre.

    Quand la Seine Saint-Denis a commencé à pourrir, les Français de souche ont quitté la Seine Saint-Denis transformée depuis en coupe-gorge.
    De la même manière, ils quittent Lille, Marseille, Roubaix, les quartiers nord de Paris.

    Progressivement, viendra le jour où changer de ville ne résoudra pas le problème.
    Il faudra alors s’écraser ou bien quitter le pays. »

    Peu à peu, le Français de souche se fait remplacer et il est heureux.

    Il regarde béatement sa Nation partir dans le tout à l’égout mais il est content de n’avoir jamais voté pour le Front National.

    Pour lui, autant disparaître que de voter pour le seul parti qui veut lui remonter son pantalon.
    Dans l’océan, quand un animal est blessé, les rapaces viennent de partout.
    Chacun veut son petit morceau.

    La France est aujourd’hui cet animal mourant. Jusqu’au fond de l’Afrique, le dernier des somaliens accourt pour prendre son petit morceau.

    Par leurs impôts, les Français financent les logements, la nourriture et les soins de ceux qui sont en train de les remplacer.

    Quand il n’y aura plus assez de travailleurs pour payer les parasites, ce sera le chaos et la violence.

    Pour son immigration, la France a particulièrement choisi des populations incapables de gagner ou de produire ne serait-ce que leur pain quotidien.

    Les Français ne souhaitent qu’une seule chose : disparaitre.

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