Le retournement de la population américaine sur la question du “mariage” homosexuel se confirme. Dans un récent sondage réalisé sur 1 000 adultes par Associated Press et le National Constitution Center, 53% des Américains pensent que “le Gouvernement devrait donner une reconnaissance légale aux mariages entre personnes du même sexe” tandis que 44% y sont opposés.
Les Américains de moins de 65 ans sont majoritairement pour tandis que les seniors restent contre. Ce qui ne signifie pas grand chose, l’essentiel étant de savoir quel pourcentage de la population en fera un argument décisif dans son vote aux prochaines élections… Et justement, pour 44% des adversaires du “mariage” gay, la question est “extrêmement importante” ou “très importante” (19,36% de la population). C’est le cas pour seulement 32% de ses partisans (16,96%).
Le successeur envisagé du représentant démocrate déshonoré Anthony Weiner l’a compris à ses dépens. Petit rappel pour nos lecteurs : Weiner a démissionné le 21 juin dernier, après avoir été pris sur Twitter en flagrant délit d’« échange de messages et de photos de nature explicite », ce qu’il a ensuite avoué avoir fait “avec environ six femmes au cours des trois dernières années”. Celui qui aurait dû être son successeur, le Démocrate David Weprin, a, contre toute attente, perdu l’élection spéciale du 13 septembre 2011 suite à sa prise de position pour le “mariage” gay et aux défections qui ont immédiatement suivi dans la communauté juive orthodoxe (les juifs représentent un tiers de l’électorat de la 9e circonscription de New York) face au Républicain Bob Turner (catholique, “pro-vie” et défenseur du mariage).
Cette évolution de l’opinion n’a pas non plus empêché le législateur de Caroline du Nord, le seul Etat du Sud qui n’a pas interdit constitutionnellement le “mariage” gay, de voter la semaine dernière la tenue d’un référendum sur la possibilité de l’interdire constitutionnellement en 2012. Les résultats sont incertains même si l’expérience montre que les sondages sous-estiment les votes conservateurs sur cette question sans parler de l’influence du “church service” du dimanche (45% des catholiques et des protestants s’y rendaient au moins une fois par semaine en 2007) sur le vote.
Mais revenons à notre sondage. La plupart des Américains qui vivent dans les 44 Etats où le “mariage” homosexuel n’est pas légal disent qu’il est peu probable que leur Etat vote une telle loi. Ils sont seulement 20% à penser le contraire. Autant dire que la sérénité prévaut. L’imminence d’un vote du législateur ou d’une jurisprudence contraignante de la Cour suprême réveillera-t-il les défenseurs du mariage traditionnel ?
48% des Américains se prononcent pour un amendement constitutionnel interdisant le “mariage” gay. 40% y sont même “très favorables”. 43% s’y opposent tandis que 8% sont neutres. 55% des Américains pensent que le “mariage” homosexuel concerne avant tout les Etats. Une décision de la Cour suprême du type Roe v. Wade (qui légalisa de facto l’avortement en 1973) serait donc théoriquement mal accueillie par les deux camps même si le vainqueur saurait sans doute et opportunément taire son attachement à la subsidiarité.
42% des Américains pensent que leur Etat devrait permettre le “mariage” gay, 45% y sont opposés. Faut-il voir dans la différence entre ce résultat et celui concernant la “reconnaissance légale” du “mariage” gay par le Gouvernement, la traduction de l’indifférence et de l’hostilité des conservateurs (et plus généralement des Américains) vis-à-vis de Washington, D.C. ?
Enfin, 47% des Américains pensent que leur Etat devrait permettre les unions civiles. 38% sont contre et 13% ne se prononcent pas.
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