Petit décryptage d’un reportage vidéo très orienté, réalisé et diffusé par l’AFP, au travers de six observations :
- “Alexandra est mère célibataire. Sur son téléphone portable, les photos de sa fille, son premier enfant. Car lorsqu’elle a appris qu’elle était enceinte d’un deuxième, elle a choisi d’avorter”, dit le commentaire de la journaliste qui reconnaît donc que c’est un enfant que vient d’éliminer (et non-pas d’“interrompre”, son existence étant définitivement compromise) sa mère. C’est amusant comme le « pouvoir de vie et de mort » sur ses enfants est accepté quand, en fait de pater familias, on a une femme et quand, en fait de loi des Douze Tables, on a l’arrêt Roe v. Wade (1973) ou la loi Veil (1975). Bref, la patria potestas, c’est très mal et le signe d’un archaïsme inquiétant mais la matria potestas, c’est acceptable et même progressiste… Alors que les deux sont basées sur une conception préchrétienne de l’être humain.
- “On m’a montré des films sur l’avortement. C’était vraiment horrible”, se plaint Alexandra qui fait allusion aux documents utilisés par certains militants pro-vie pour faire prendre conscience de la réalité de l’avortement à des femmes qui hésitent à passer à l’acte. Les films montrant concrètement un avortement sont donc “horribles”. Sont-ce les films eux-mêmes (le cadrage, le son, les acteurs, etc) ou ce qu’ils montrent : l’avortement ?
- L’échographie obligatoire avant l’avortement dans certains États comme en Virginie ? “C’est plus qu’un inconvénient. Cela dévalorise totalement la femme. C’est comme si elle ne pouvait pas choisir toute seule ce qui est bon pour sa santé”, se plaint Rosemary Codding. Euh… Et la santé de l’enfant avorté, dans tout ça ? Exceptés de rares cas, quel est le rapport entre la santé de la femme et l’avortement ? Regardons les faits : l’Irlande interdit l’avortement tout en étant le pays où la mortalité maternelle est la plus faible au monde. Selon le Dr Rene Lieva, un médecin basé à Ottawa, depuis 1998, date à laquelle le El Salvador a interdit l’avortement, le taux de mortalité maternelle y a baissé de 50% ! En Pologne, depuis l’interdiction de l’avortement il y a 20 ans, le taux de mortalité maternelle a chuté de 40%…
- “Les patientes ont toujours pu avoir une copie de l’échographie mais maintenant, c’est la loi. Et si elles n’en veulent pas, elles doivent signer un papier. Vous imaginez ce qu’elles peuvent ressentir”, continue Rosemary Codding. Surréaliste ! On est à cent lieux d’un arrêt des financements fédéraux de Planned Parenthood ou d’un revirement de la jurisprudence de la Cour suprême qui contraint les États à n’agir qu’à la marge, et c’est une malheureuse signature obligatoire qui leur cause tant de soucis… À moins que les femmes qui signent soient moins nombreuses que prévu et que certaines, après avoir regardé les échographies, hésitent ensuite à passer à l’acte.
- Et la journaliste de conclure en nous parlant du débat sur “le droit à l’avortement”. L’existence de ce droit est justement contestée par un camp, pourquoi emprunter le terme d’une des deux parties et ne pas parler, tout simplement, d’un débat sur l’avortement ?
- Durant le reportage, sont interrogées Alexandra, la jeune mère célibataire qui a avorté, une radiologue (neutre) de Virginie où les médecins sont obligés de pratiquer une échographie avant tout avortement, ainsi que Rosemary Codding, directrice d’une clinique d’avortement et “féministe”. Bref, deux “pro-avortement” et… zéro “pro-vie”. Or l’AFP n’est pas censée être partisane. Elle aurait pu, comme Nouvelles de France – qui ne cache pourtant pas son attachement aux valeurs de liberté et de responsabilité – ce matin, donner la parole aux deux camps. C’est manifestement trop demander…
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