“On a perdu en deux ans entre 80 et 85% de nos budgets publicitaires. Autant vous dire que c’est juste insupportable, économiquement invivable et donc sans lendemain” explique Robert Ménard dans un entretien accordé à Jean Robin pour Enquête & Débat, pour justifier l’arrêt de la revue Médias qu’il éditait avec son épouse. Ses annonceurs avaient tous les mêmes mots à la bouche pour justifier leur retrait : “Vous êtes sulfureux.” “Sulfureux”, “ce mot absolument dégueulasse qui permet de vous disqualifier sans vous accuser de rien”.
Liberté d’expression. “Oui, je suis naïf en pensant que les gens sont curieux de points de vue qui ne sont pas les leurs”, admet le journaliste militant. “En réalité, je m’aperçois que (…), ce qu’ils ont envie, c’est de se voir dans un miroir et donc d’entendre des gens qui répètent ce qu’eux-même disent à longueur de temps”.
“La presse, elle n’est pas de droite. Elle est de gauche. Même Le Figaro !” affirme-t-il. “Ce n’est pas parce qu’on appelle à voter M. Sarkozy qu’on n’est pas sur toutes les autres questions, sur toutes les questions essentielles, contaminé par les mêmes idées, la même bien-pensance, le même politiquement correct.”
Un nouveau projet. Robert Ménard refuse d’opposer “la plèbe médiatique” et “l’aristocratie médiatique” comme le fait par exemple Acrimed, car, “malheureusement, les uns et les autres, ils pensent à peu près la même chose, ils disent à peu près la même chose, ils ont à peu près les mêmes réflexes, ils excluent des médias à peu près les mêmes gens et j’ai le droit aux mêmes débilités des uns et des autres tous les jours”.
Pour remplacer Médias, “on réfléchit à quelque chose” sur Internet mais “pas quelque chose d’ultra-confidentiel, on a envie de peser. Moi, si j’ai envie de faire du journalisme, c’est pour juste changer quelques petits trucs dans ce monde que je ne trouve pas trop bien, sinon je ferai autre chose, j’irai faire de l’apiculture.”
Sectarisme. “On veut des moyens, et en même temps, quadrature du cercle, l’indépendance pour faire ce qu’on a envie de faire”, explique Robert Ménard. En attendant, “il n’y a pas de mauvais soutien” et “si, demain, Minute regrette que Médias arrête d’être publié, j’en serai content et je remercierai Minute“, comme “L’Humanité“ d’ailleurs. Voilà qui risque de ne pas faire changer d’avis Martine Aubry, François Chérèque et Éric Besson, qui refusent systématiquement tout entretien avec le fondateur et l’ancien secrétaire général de Reporters sans frontière !
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