Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, agrégée de Lettres classiques, a effectué sa première sortie officielle au Musée d’art contemporain MAC/Val de Vitry-sur seine. Elle a déclaré souhaiter que l’Art contemporain soit « accessible à tous ». Mais alors, que faisaient donc les autres ministres avant-elle ? Les Mitterrand, Aillagon, à commencer par Lang ? L’AC doit être accessible, comme les trains, les bus… Est-ce à dire que notre ministre nous considère comme des handicapés culturels ? Beaubourg, lui, a trouvé le moyen imparable de rendre accessible l’Art contemporain aux enfants.
Un professeur des écoles voulait emmener sa classe de CM1 à Beaubourg, pour une visite intitulée “Des modernes aux contemporains” (retenez bien le thème). Le professeur, prudent, se renseigne : cette visite est censée montrer le cubisme, Picasso, Léger, Delaunay, puis Dada et les surréalistes, les nouveaux réalistes, l’art cinétique, les abstraits… Bon, va pour l’Art moderne, avec juste un aperçu final de l’AC… La visite a lieu et le professeur de raconter une méthode sidérante pour « rendre accessible » l’Art contemporain aux enfants.
La conférencière commence habilement par :
– Alors, les enfants, on est content d’être au Centre Pompidou ?
Les enfants, de sortie :
– Wouiiiiiiiiiii !
Et là arrive le Scud, qui va exploser la conférence sous le nez du professeur éberlué. La jeune femme aux enfants excités :
– Vous souhaitez visiter le musée dans le sens normal ou à l’envers ?
Évidemment, face à un choix amusant, les enfants ont crié d’un seul cœur :
– À l’envers ! Chouette !
Difficile pour le professeur de désavouer, devant ses élèves, un adulte qui représente le musée ; d’ailleurs le temps qu’il y réfléchisse, la visite a déjà commencé. Là, tout devient prévisible : au bout d’1h15 d’art très contemporain et rien que contemporain, le guide regarde sa montre :
– Oh, zut, le temps est si court, plus qu’un quart d’heure… !
L’intitulé de la conférence n’a absolument pas été respecté : Ce n’est plus Beaubourg, c’est le rebours contemporain !
La conférencière a passé son temps à montrer des œuvres comme ce champignon doublé (vénéneux et comestible), et, après quelques explications, elle le laisse “admirer”… aux enfants qui s’assoient, écrivent des remarques dans leur cahier d’essai, en attendant la suite.. « Là, elle part dans son délire : ‘oh, c’est fou ce qu’on est bien à l’ombre de ce champignon, les enfants sont biens là, c’est agréable, on aimerait rester longtemps…’ Pas étonnant qu’on ait vu 5/6 oeuvres en 1h15 », s’énerve le professeur .
Vous constaterez au passage que pour commenter de l’AC, dix ans d’études universitaires, au moins, sont nécessaires pour appuyer sur le champignon ! Est-ce une initiation aux champignons hallucinogènes, très à la mode chez les bobos ?
Mais qu’est-ce qu’Aurélie Filippetti va bien pouvoir inventer pour rendre « accessible » l’Art contemporain aux enfants ?
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