…Et ceux qui en appellent à la chouannerie et à la résistance à chaque coin de rue.
« Réacosphere », « fachosphere », « cathosphere » et autres sphères ont ceci de particulier qu’elles amplifient les réactions des « posteurs » qui, derrière des pseudonymes empruntant parfois à la mythologie, embrassent des débats aussi exagérés que vaniteux.
Vains car, comparativement à l’agitation des blogs, ils ne débouchent sur aucune mobilisation insurrectionnelle concrète. Les émeutes des banlieues de 2005 ne se sont pas préparées sur des blogs d’opinions mais au pied des barres d’immeubles et dans leurs caves.
Exagérés car le canon des bleus a cessé de gronder, la guillotine est remisée, et nous n’avons pas eu à essuyer une défaite à 100 000 morts et 1 million de prisonniers. Depuis 50 ans notre histoire est vierge de tout cataclysme.
Tout ce qui est excessif est dérisoire. Gardons la raison, nos traditions, nos grands noms et nos grands chevaux pour les grandes épreuves. Gardons à l’esprit aussi que les références que nous empruntons à notre histoire ne se sont pas construites en deux clics. Il fallut 5 ans pour unifier et rassembler la résistance française. Celui qui ouvre le feu le premier n’est pas toujours le vainqueur, regardez Messieurs les Anglais qui ont tiré les premiers à la bataille de Fontenoy et ont essuyé une cuisante défaite.
Sur ces mêmes blogs, sempiternelle complainte : La révolte est trop molle, la lutte trop tendre, le temps trop court. Ainsi en va-t-il de cet étrange appel à un « Jour de Colère » lancé pour le 26 janvier auquel la Manif pour Tous est pressée de se joindre, et de renoncer séance tenante à son agenda politique de 2014. Pressions à la limite du chantage ; par exemple, tel responsable a été sommé de donner les fichiers en échange de la « paix » avec ce « mouvement ». Les organisateurs de la Marche pour la Vie du 19 janvier n’ont pas eu cette délicatesse, eux qui rassemblent des soutiens et des militants identiques à ceux de la Manif pour Tous et auraient pu légitimement se trouver froissés par l’annonce d’une manif le 2 février.
On peut penser ce que l’on veut de la Manif pour Tous, des déclarations de ses leaders, du feuilleton Barjot. Mais une chose est indiscutable. Le professionnalisme avec lequel ont été organisées ces manifestations a fait l’unanimité. Dans un questionnaire auprès de 40 000 participants, la bonne tenue des cortèges et de l’organisation ont été plébiscités à 95%.
N’imaginons pas une seconde que la mort d’un vieillard ou d’un enfant en bas âge aurait eu quelque effet sur la cause. Bien au contraire, les organisateurs en auraient supporté l’entière responsabilité politique et judiciaire. Et cela aurait définitivement donné raison au sinistre Valls et son préfet Boucault qui n’ont eu de cesse d’alerter les braves gens sur les menaces qui planaient sur leur intégrité physique en participant à une « Manif pour Tous ». Menaces si clairement exprimées qu’elles ont achevé de décourager « Frigide Barjot » et les militants à qui elle avait su parler.
On entend dire aussi que les « Manifs pour Tous » ont été « bisounours ». C’est faux. Il y a eu des tensions et des provocations en permanence, à chaque fois. Que l’on imagine une seule seconde si Clément Meric avait reçu la mort le jour de sa présence à la manif pour tous du 17 avril ? C’est l’interposition d’un service d’ordre exemplaire qui a évité ce qui aurait été l’hallali du mouvement.
Mais qu’est-ce que « Jour de Colère » ? À première vue, un collectif aux visées très larges. Mais aux idées un peu courtes en matière d’organisation. Car si la Manif pour Tous est l’objet d’un tel chantage à un mois de la date fatidique, c’est sans doute que le jour de colère craint de ne rassembler pas grand-chose d’autre que des « like » sur Facebook. Ou pire, de rassembler du monde et d’être incapable d’assumer la responsabilité de l’organisation d’une manifestation d’ampleur. Braves gens, il est à craindre que vous soyez jetés sur les pavés, livrés en pâture aux flics, dans une manif non déclarée.
Nous ne sommes plus en 1789, ni en juin 44 et encore moins en mai 1968. Nous sommes en janvier 2014. En France l’art du maintien de l’ordre a atteint des raffinements enviés dans le monde entier. Chacun connait le cercle vicieux manifestation-répression-émeute-répression-révolution. Le pouvoir sait comment faire pour ne pas entrer dans cette dynamique révolutionnaire. Face à une contestation, extraire une radicalité et la pointer du doigt : ce sera l’arbre qui va cacher la forêt. Ainsi, le pouvoir va réprimer une frange présentée comme extrémiste et décourager la majorité réputée modérée de continuer à descendre dans la rue.
Les mouvements éclos dans le sillage de la Manif pour Tous font à leur insu le jeu du pouvoir. Revendiquant une radicalité, une virulence, face à la « tiédeur » de la Manif, ils deviennent les « idiots utiles » du pouvoir.
Le combat que nous menons aujourd’hui n’est pas général, il est particulier. L’ennemi s’est faufilé au cœur de nos vies, dans nos emplois, dans le ventre de nos femmes, pour diviser et réduire nos espoirs de fonder une famille, avoir un emploi ou créer une entreprise.
La grande mobilisation de la Manif pour Tous, la construction de ses réseaux, l’usure du gouvernement, sont un combat de longue haleine, déterminé, organisé et discipliné. Rien ne justifie aujourd’hui d’appliquer un niveau de violence quelconque à nos institutions qui ne sont coupables d’aucun crime que nous n’ayons nous-même cautionné par nos absences, nos erreurs et la faiblesse de nos engagements personnels.
Alors certes, il y aura 3 manifs au début de 2014. Qu’à cela ne tienne, que les meilleurs gagnent.
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