Les libertariens américains, ces libéraux radicaux qui pensent que les pouvoirs de l’État devraient être extrêmement restreints (minarchisme), ou même supprimés (anarcho-capitalisme), n’ont pas fini d’avaler des couleuvres avec Barack Obama et l’avancée (inexorable ?) de l’État providence. Depuis plusieurs années, une partie d’entre eux en a pris conscience.
Tandis que la tentation sécessionniste est de nouveau d’actualité, Jason Sorens, un jeune professeur d’Université, avait imaginé Free State Project dès 2001. Un projet audacieux que ce visionnaire, marqué par la tradition américaine de migration politique, et ses amis ont décidé à la majorité (55%) de localiser dans le New Hampshire deux ans plus tard. Ils avaient bien hésité avec les Dakotas, le Vermont, le Montana, le Maine, l’Idaho, l’Alaska, le Delaware mais, surtout, le Wyoming (45%), des États ne dépassant pas 1,5 million d’habitants et dans lesquels les partis républicain et démocrate ne dépensaient pas plus de 5,2 millions de dollars, le total des dépenses du Parti libertarien des États-Unis sur un an (formation avec laquelle Free State Project n’entretient aucun lien). Mais l’État du Granite, réputé être le plus libre des 50 et à la devise idoine (“Vivre libre ou mourir”), avait de sacrés atouts auxquels les “Free Staters” ne sont pas restés insensibles…
Leur objectif ? Créer un bastion, c’est-à-dire réunir d’ici quelques années au moins 20 000 partisans d’un État se limitant à protéger la vie, la liberté et la propriété (rien de très nouveau, en fait). Et cela marche ! En novembre 2012, 13 000 Américains et individus d’autres nationalités s’étaient déjà engagés à y déménager dans les cinq ans si le seuil des 20 000 était atteint tandis que 1 100 personnes s’y étaient déjà installées.
En corollaire, les « Free Staters” veulent peser politiquement : en novembre 2012, 11 d’entre eux ont été élus à la Chambre des représentants qui compte 400 membres (1 pour 3 300 habitants) rémunérés 100 dollars par an. Un exploit politique alors que seulement 5% des effectifs espérés du Free State Project vivent effectivement dans le New Hampshire (et ont l’air très heureux). Bref, on est loin de certains délires inquiétants qui valent aux libertariens l’aimable surnom de “libertarés” sur des fora français même si certains événements comme le PorcFest (Porcupine Freedom Festival) sont d’un goût douteux et pas beaucoup plus rationnels que Woodstock bien que le slogan de la manifestation dise le contraire…
Free State Project est d’ailleurs soutenu par l’économiste Walter Block, l’ancien représentant du Texas et figure du mouvement libertarien Ron Paul, l’ex-gouverneur du Nouveau-Mexique et candidat libertarien à l’élection présidentielle de 2012 (0,98%) après avoir été candidat à l’investiture du Parti républicain Gary Johnson et quelques autres…
Un documentaire a été consacré au Free State Project, Libertopia (2011), dont voici la bande-annonce :
Un projet à suivre… et à imiter ? Avec Free State Project, nos lecteurs français libéraux, catholiques, identitaires, etc. qui ne supportent à raison plus certaines évolutions voulues par l’oligarchie ont là un bel exemple de dissidence pacifique et démocratique.
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