Voici le discours que le député Jacques Bompard aurait dû prononcer ce jeudi à l’Assemblée nationale mais, “comme l’UMP cherche à faire de l’obstruction pour empêcher le texte d’être étudié (tant mieux si ça marche), il ne le lira pas” nous confie son entourage. Le député l’a donc fait parvenir en exclusivité à Nouvelles de France ainsi que son amendement qui, tenant compte des progrès de la recherche, propose la suppression totale de la recherche sur les embryons humains. Celui-ci a été cosigné par Marion Maréchal-Le Pen :
“La loi qui est proposée à la discussion est l’illustration de ce que notre Parlement peut faire de pire. Car cette proposition de loi est à la fois passéiste et choquante. Elle est en retard au point de vue scientifique, elle est illégitime vis-à-vis du droit français, elle est scandaleuse au regard du progrès humain.
Est-il nécessaire de rappeler une énième fois les avancées considérables de la science ? Je ne peux que constater que certains s’obstinent à ignorer les travaux d’un prix Nobel de médecine, ceux du professeur Yamanaka. Citons également les travaux du professeur français, Luc Douay, qui a obtenu à partir de cellules souches de sang de cordon des résultats aussi riches que les possibilités offertes par les cellules souches prélevées sur les embryons. Je regrette que les promoteurs du made in France ne s’intéressent pas davantage aux brillants succès nationaux qui nous honorent. Et je m’étonne que les socialistes, qui ont toujours prétendu surpasser la nature par la science, n’y prêtent pas plus d’intérêt.
Mais je m’étonne également que mes collègues écologistes, les chantres de la nature, ne respectent pas davantage cette dernière. Comment l’écologie peut-elle se limiter aux oiseaux et aux arbres, mais ignorer les êtres humains en devenir ?
Comment peut-elle commander le principe de précaution quand il s’agit d’OGM, et s’en dispenser lorsqu’il s’agit d’embryons.
Songez que l’Union européenne a adopté, le 20 septembre 2010, une directive 2010-63 UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques, interdisant la recherche sur les embryons des grands primates.
Nous en arrivons à cette situation ubuesque où les embryons de singes sont mieux protégés que les embryons humains ! Ce décalage serait cocasse, s’il n’était profondément triste et inquiétant.
Cette loi est rétrograde, car elle va à rebours du progrès.
Après la deuxième guerre mondiale, les enfants ont bénéficié d’une protection accrue qui a abouti en 1989 à l’adoption de la Convention internationale des droits de l’enfant.
Mais aujourd’hui, le gouvernement freine des quatre fers et s’attaque à tous ces acquis, comme le démontre le projet de loi Taubira de dénaturation qui brise la filiation et détruit le cadre protecteur de la famille.
Notre assemblée s’honorerait d’étendre la protection due à chaque enfant, à tous les êtres en devenir. Là serait le véritable progrès.
Cette loi est également troublante au regard du droit français. L’article 16 du Code civil, déjà abondamment cité, est très clair : « la loi garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie. » L’article L1412-1-1 qui prévoit l’organisation d’états-généraux avant tout projet de réforme sur les problèmes éthiques et les questions de société est également superbement ignoré par la majorité. En matière bioéthique, comme sur le prétendu mariage homosexuel, le gouvernement est décidé à refuser le débat contradictoire, en méprisant particulièrement les craintes qui émanent de la société civile.
On tente de faire passer cette loi en catimini, alors que le formidable succès de la manifestation de dimanche dernier occupe encore le devant du débat public. Mais la loi inique que l’on tente de faire passer, sans débat, cache des motifs moins avouables que celui de la simple recherche scientifique.
Si la recherche n’a plus d’intérêt, parce qu’elle est dépassée ; si la majorité tente d’ignorer la loi et n’organise pas le débat de société requis ; alors je crains que derrière les apparences législatives ne se cachent de très réels appétits mercantiles.
Pour ces différentes raisons, j’ai déposé des amendements visant à interdire la rechercher sur les embryons. Ce sont des amendements en faveur du progrès scientifique et humain. Ma position est claire, il ne faut pas conserver la loi de bioéthique en l’état, il faut revenir à la situation précédente et abolir les dérogations qui ont été permises en 2011. On ne touche pas à l’être humain car l’être humain n’est pas un objet.”
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