Billet d’Éric Martin*
Nicolas Sarkozy vient de répondre au questionnaire du groupe de pression “Catholiques en campagne”. À la question “Pensez-vous pour éviter la pratique de l’avortement, qui porte atteinte au principe sacré de la vie, traumatique pour les femmes et coûteux pour la société, qu’aider les femmes enceintes à garder leur enfant par des aides spécifiques serait une meilleure solution ?”, le président-candidat juge que “l’avortement est toujours un drame, qui ne peut pas être banalisé”.
On est loin du remboursement total promis par François Hollande. Et Sarkozy de citer la loi Veil selon laquelle « la loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité. » Une belle déclaration de principe remplacée dans les faits par un “droit à l’avortement” défendu bec et ongles par les gauches, le Planning familial, les journaux féminins et les associations féministes.
“Tout ce qui peut promouvoir la prévention, notamment dès l’école, doit être encouragé”, continue Nicolas Sarkozy qui veut parler de “la contraception” (“un élément important de la prévention”) mais pas seulement : en effet, “elle ne saurait être l’unique façon d’aborder les questions de sexualité. Il est nécessaire de rappeler aux jeunes la portée et le sens de la sexualité, ainsi que ses implications. Cela doit être fait autant que possible en impliquant les familles. La sensibilisation des parents, qui sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, est essentielle.”
On sent bien que le candidat UMP ne peut pas préciser ou aller plus loin sans risquer une polémique inévitable tant que les associations et militants “pro-vie” n’ont pas auparavant profondément changé les mentalités des Français. Si, outre-Atlantique, tous les candidats à la primaire du Grand Old Party se déclaraient “pro-vie”, c’est seulement parce cette position est électoralement tenable grâce au travail en profondeur sur les opinions réalisé par les lobbies “pro-vie”… Ne demandons pas à Nicolas Sarkozy ce que nous avons échoué à faire, n’exigeons pas de lui qu’il mène le combat culturel à notre place. En démocratie, un candidat de second tour ne peut malheureusement pas, sur un tel sujet, pas se placer en porte-à-faux avec plus de la moitié de ses électeurs.
Et Nicolas Sarkozy de juger dans la foulée que “la prévention de l’avortement passe aussi par un accompagnement des femmes enceintes, afin que celles qui souhaitent mener leur grossesse à terme puissent le faire, même lorsqu’elles sont dans des situations familiales, économiques ou sociales difficiles”. Certes, il ne prend pas d’engagement précis, chiffré, mais c’est un début. Jamais, par exemple, Jacques Chirac n’a eu de telles paroles…
La victoire, c’est que Nicolas Sarkozy sente qu’il ait besoin de tenir ce langage pour espérer l’emporter. Si, en échange, le pays réel (vous et moi, pas ceux qui trustent les plateaux télés) ne l’élit pas, ce sera donner raison à ceux qui craignent que cette “droitisation” en paroles soit une voie électorale sans issue. À nous de montrer à la droite qu’elle peut l’emporter MALGRÉ cette droitisation, et même, QUE comme ça, en nous abstenant lorsque le/la candidat(e) est trop modéré(e) en paroles. Rappelons-nous dimanche 6 mai prochain que ce n’est pas le cas de Nicolas Sarkozy…
*Éric Martin est rédacteur en chef des Nouvelles de France
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