Vice-Président national des Jeunes centristes, Thibaut Grillon revient pour Nouvelles de France sur le lancement, ce dimanche, de l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI).
Thibaut Grillon, le centre est-il condamné à être divisé ?
Non, la création de l’UDI le prouve. Des libéraux, des radicaux, des chrétiens-démocrates, des sociaux-démocrates, des gaullistes, des indépendants, des divers droites s’unissent autour d’une même bannière ! Pour ce qui est du MoDem, de nombreux responsables, élus et militants font déjà partie de nos rangs. Quant à François Bayrou, soit il intègre l’UDI et se soumet à nos conditions de fonctionnement, soit il disparaît de la vie politique très prochainement. Nous représentons un centre décomplexé avec des valeurs fortes ! Ce sont les prises de positions (plus qu’étranges) de François Bayrou qui font que certains, aujourd’hui, assimilent le centre à la mollesse.
La crise économique, sociale et morale que nous traversons ne favorise-t-elle pas les partis populistes et ne rend-t-elle pas moins évidentes les solutions proposées par le centre ?
La crise que nous traversons, nous le savons, est la plus importante que le monde a jamais connu. C’est parce que le centre était décomposé que les Français n’avaient pas d’autres choix que de se tourner vers les extrêmes, après l’échec de l’UMP et du PS en matières économique et sociale. Avec l’UDI, cette période est révolue : les personnes révoltées, les Français exaspérés par l’échec successif des politiques de droite comme de gauche peuvent se sentir compris et écoutés au sein de notre nouvelle formation politique. C’est tous ensemble que nous répondrons aux attentes, et à l’état d’urgence.
Le risque, avec l’UDI, n’est-il pas de créer une auberge espagnole, avec tout et son contraire ?
L’UDF a été un grand parti entre 1978 et 1998, soit pendant deux décennies. Elle était composée de différentes sensibilités qui travaillaient ensemble et, parfois, étaient en désaccord sur certains sujets. L’UDI n’est pas une confédération mais une fédération, il faut une doctrine et de la discipline. Nous allons élaborer un projet et nous y tenir. Tout le monde pourra s’y reconnaître. Nos membres font de la politique pour la France et les Français, c’est du sérieux ! L’amateurisme n’a pas sa place, en quelque sorte… Je crois qu’il est essentiel de conserver des valeurs mais il est aussi urgent de se retrousser les manches et d’être pragmatique dans certaines situations. Franchement, de vous à moi : l’UDI, cela a de la gueule ! Le Parti Radical, Le Nouveau Centre, la Force Européenne Démocrate, L’Alliance Centriste, la Gauche Moderne, le Centre National des Indépendants et Paysans, Territoires en mouvements, Les IDées de Louis Giscard d’Estaing. Il y a encore six mois, vous auriez rigolé si je vous avais parlé d’une telle alliance. Enfin, l’UDI c’est plus de 60 parlementaires, des milliers d’élus locaux (des dizaines de milliers bientôt !) et 50 000 adhérents !
“La guerre des chefs, c’est terminé !”
L’arrivée de Chantal Jouanno est-elle une bonne nouvelle ?
L’arrivée de Chantal Jouanno montre que notre parti se situera entre la droite républicaine et le centre gauche, avec tout ce qu’il peut y avoir entre les deux « ailes ». Personnellement, je représente plutôt l’aile droite, mais j’ai grand plaisir à travailler avec tout le monde. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas dans le rejet, mais dans la collaboration que nous allons sortir ce pays du conservatisme et de l’immobilisme. Il est temps de rentrer dans le XXIe siècle ! Que les Français ne s’inquiètent pas, il ne s’agit pas de se soumettre à la bien-pensance socialiste ! Prenons l’exemple africain, comme dit Jean-Louis Borloo. Les socialistes, eux, s’excusent du passé sans se préoccuper des vraies problématiques, par rapport au voyage de François Hollande en Afrique. Nous, une fois au pouvoir, nous rétablirons des alliances économiques avec ce continent qui est celui de notre temps, qui est en plein essor et qui va connaître 30% de croissance par an ! Second exemple : nous sommes des libéraux économiquement, mais surtout politiquement ! Je crois que la liberté d’expression est une des plus belle liberté, nous la défendrons contre l’oppresseur associativo-étatique. Mais nous tenons à rappeler parallèlement à cette défense de la liberté, les grands principes de notre République comme les Droits de l’Homme, l’Égalité, et la Fraternité.
Les difficultés à unifier le centre ne viennent-elles pas, avant tout, des rivalités pour ne pas dire des guerres entre chefs ?
La guerre des chefs, c’est terminé ! Notre leader, c’est Jean-Louis Borloo, et il l’a bien rappelé hier à la mutualité. Les centristes se connaissent tous très bien, nous avons des qualités, et nos défauts résultent d’un manque de discipline et d’un surplus d’ego ! Je crois que désormais, tout cela a été solutionné dans la préparation de la création de l’UDI.
L’UDI n’a-t-elle pas intérêt à l’élection de Jean-François Copé ?
Nous nous moquons de l’élection interne à l’UMP, ce n’est pas notre parti, ce n’est pas notre rôle. De quel droit irions-nous mettre notre grain de sel ? Nous traçons notre route directement, avec les Français. Vous allez voir qui va mener les listes aux Européennes de 2014… Mais si vous voulez vraiment une opinion personnelle, je crois que si Jean-François Copé sort victorieux, les « modérés » qui ont la gnac nous rejoindrons. Si François Fillon gagne, des libéraux de l’UMP viendront enrichir nos rangs. De toute façon, dans quelques années, l’UDI sera devant l’UMP à toutes les élections. Il faut sur l’échiquier politique, un vrai parti « conservateur », et nous de l’autre côté. Pour ce qui est du bloc de gauche socialo-écolo-communiste, j’espère que d’ici là, il aura disparu ! (Rires) Comme au Canada où le choix s’effectue entre conservateurs et libéraux…
Qu’est-ce qui fait qu’on est centriste quand on est jeune en ce XXIe siècle ?
Je vais vous exprimer une opinion strictement personnelle pour cette question. Le XXIe siècle fait peur. Deux solutions s’offrent à nous, dès lors. Le repli sur soi, qui peut, je le comprends, rassurer ; Ou bien l’ouverture sur le monde. En fait, deux philosophies s’opposent à travers ces choix. Soit, d’une part, on est conservateur et l’on pense qu’il faut se protéger, pour cela il faut un ennemi commun : La mondialisation ? La finance ? l’islam ? Autre ? Soit on accepte le monde dans lequel on vit et alors là, je puis vous jurer que l’on se sent libéré ! C’est cela, pour moi, être centriste aujourd’hui. On croit en l’Europe, au progrès, aux libertés individuelles, à l’économie de marché avec une dimension sociale, à l’entreprenariat, à la recherche et au développement ! Les voyages forment la jeunesse, c’est un peu notre credo, mais il est tellement bon de revenir avec une tête pleine d’idées novatrices, dans sa patrie ! D’où l’un de nos slogans : “Notre Patrie est la France, nos Frontières sont l’Europe, notre ambition c’est le monde !”
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