Tribune libre de Cyril Brun*
Indignation, écœurement, révolte, lassitude, dégoût, exaspération, mais aussi farouche volonté de changement, détermination au combat, espérance d’un printemps français, les sentiments en cette veille de « manif pour tous » sont multiples, parfois confus, mais ils posent tous une question : Et après ?
L’heure est-elle à la résignation, à la résistance ou à la révolte ? Clairement la résignation est impensable. Impensable car ce serait une démission de la conscience, une abdication de notre liberté, une infidélité à l’engagement que nous avons tous pris en marchant sur le Champs de Mars le 13 janvier, un abandon de tous ceux qui ont crû en nous, une trahison des enfants, des plus faibles que nous prétendons défendre, un cataclysme pour l’avenir de l’Homme. Le courage que l’on nous prête aujourd’hui, deviendrait lâcheté pour la postérité et les générations à venir auraient raison de nous le reprocher. Nous sommes, aujourd’hui, porteur d’une espérance et donc d’une exigence. Nous sommes maintenant responsables de demain. Les promoteurs de cette nouvelle civilisation ne savent peut-être pas ce qu’ils font, mais nous qui sommes descendus dans la rue nous sommes conscients que l’heure est grave. Nous qui aujourd’hui foulons encore le pavé parisien, nous ne pourrons pas dire demain que nous ne savions pas. L’avenir est entre nos mains. Une résignation qui se traduirait par une abdication nous rendrait seuls responsables de l’effondrement de la civilisation à laquelle nous croyons. Tant que tout n’a pas été tenté, rien n’a été fait !
“Tant que tout n’a pas été tenté, rien n’a été fait !”
Après le Champs de Mars, voilà que nous sommes attendus Avenue de la Grande Armée. En nous refusant une promenade bucolique sur les Champs-Elysées, le régime liberticide lève lui-même une Grande Armée qui se dirige, résolue, vers ce symbolique Arc de Triomphe. Plus que jamais décidée, alors que le monde risque rien moins que de vivre un véritable recul de civilisation, cette Armée de citoyens responsables, soutenue à l’arrière du front par des millions de Français en province, doit vivre de l’esprit de Henri de La Rochejaquelein et comme un seul homme redire avec lui « si j’avance suivez-moi, si je recule tuez-moi, si je meurs vengez moi. » Ne nous y trompons pas ! Il n’y a pas de plus grand champs de bataille aujourd’hui que celui qui consiste à défendre l’Homme dans son intégrité. Il ne s’agit pas de venir marcher contre le mariage gay, mais contre un projet de civilisation destructeur qu’il faut rien moins qu’anéantir. Les mots ne sont pas trop forts. L’ennemi qui se dresse en face de nous depuis des années et qui aujourd’hui s’apprête à donner à l’Homme le coup de grâce, n’est pas l’homosexuel, ni même le projet Taubira. C’est l’ensemble de la politique menée par un gouvernement tyrannique qu’il faut mettre à bas. Alors résister ou se révolter ? Assurément les deux. Résister en faisant obstacle aux lois iniques, en boudant leur application, en sanctionnant, sans compromis, les politiques, les entreprises, les syndicats complices de cette œuvre de déstructuration sans précédent. Résister en continuant à être nous-mêmes, en refusant de se laisser intimider, en unissant nos forces et nos réseaux. Cette résistance passive, de tous les jours, dans notre quotidien, ce non à la complicité si facile qui préserve un confort fallacieux, sera la clef de la victoire, comme en 1945, ce tissu de Français qui sans être dans la résistance ont pourtant toujours résisté à leur niveau, ont été pour les armées de la France Libre un appui sans pareil. Renoncer à résister, c’est renier sa confiance, déshériter ses enfants de ce droit à un avenir conforme à la dignité humaine.
“Renoncer à résister, c’est renier sa confiance, déshériter ses enfants de ce droit à un avenir conforme à la dignité humaine.”
Mais qu’auraient fait ces braves gens résistants du quotidien sans les révoltés de l’ombre ? Face à un gouvernement qui refuse la démocratie, devant un président qui oppose à son peuple le mépris de l’autisme, parce que le dialogue est rendu impossible, la confrontation devient inévitable. Il ne s’agit pas de s’opposer dans un bras de fer avec le pouvoir en place. Il n’est pas question de défendre un pré carré. C’est la survie de notre civilisation, c’est le bonheur de l’Homme qui sont en jeu. Face au rouleau compresseur de la majorité actuelle qui ne reconnait comme base du droit que le rapport de force, il n’y a pas d’autre issue que d’entrer dans l’arène et de se battre non pour mettre à terre des hommes, mais pour faire triompher la justice et la vérité. Un Etat qui nie la liberté ne peut prétendre être dans la vérité. Le Printemps Français qui éclot depuis le 13 janvier 2013 ne doit pas s’arrêter au pied de l’Arc de Triomphe le 24 mars à 18 h. Il est évident que François Hollande ne montera pas sur le podium de Frigide Barjot pour déchirer devant la foule assemblée le projet Taubira. Il y a un après Manif pour tous. Il doit y avoir un après manif pour tous. Que ce soit par la résistance de chacun au retour dans sa chaumière, rassemblés autour de pôles régionaux ou dans le concret de son travail ; que ce soit dans la révolte en restant camper sur place jusqu’à ce que nous soyons entendus, comme y appelait la manif pour tous lors d’une réunion publique à Tours ; que ce soit en se battant, sur le terrain politique ou intellectuel pour faire triompher la vision de l’homme que nous défendons depuis des mois ; Il y a un après manif pour tous porté naturellement par tout ce mouvement de manifestation arrivé aujourd’hui à maturation et qui doit se préparer, que nous devons chacun préparer à durer. Une guerre de tranchée, longue et difficile, ou la bataille des nerfs sera décisive va s’ouvrir dès le 24 mars au soir. Que ce soit en dormant sur place ou en rentrant chez soi, c’est bien l’ensemble de la Grande Armée qui est appelé à entrer en résistance, en révolte, pour promouvoir et défendre l’homme véritable, car là est bien l’enjeu de notre engagement.
*Cyril Brun est le délégué général de l’Institut éthique et politique Montalembert à Paris.
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