Tribune libre
Oui, mais quel pouvoir ! Chose inédite depuis la création de le Ve République, un seul parti domine pratiquement tout l’échiquier politique national et territorial : majorité absolue à l’Assemblée Nationale, majorité au Sénat, 21 régions sur 22, 60 % des départements et la plupart des grandes villes ; sans oublier le soutien – peut-être pas inconditionnel mais ouvert – des principaux syndicats et d’environs 85 % des journalistes tous médias compris.
Après la victoire de François Hollande aux présidentielles, il parait paradoxal, mais mon souhait fut que le PS avec ses alliés obligés et inconditionnels (PRG, MRC et divers gauches) obtiennent seuls la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Car, si dans la dynamique des présidentielles il était certain que la gauche gagnera les législatives, il me paraissait logique que M. Hollande et son ex-parti puisse gouverner sans entraves et surtout sans les exigences de ses « proches » mais totalement imprévisibles alliés, le Front de gauche et les Verts. En un mot, pour avoir les mains libres afin de promouvoir une politique réaliste et en concordance avec les impératifs de la situation européenne et internationale. Sans les pressions telles que ces deux mouvements auraient pu exiger (excusez mon penchant pour l’ironie à l’excès) :
– de la part du FdG et son remuant Che Guevara d’opérette, de mettre en pratique les mesures si « succesful » des grandes démocraties cubaine et nord-coréennes,
– de la part des Verts, l’arrêt des centrales nucléaires, mais aussi celles aux combustibles fossiles et et leurs remplacement par des bougies, avec l’interdiction d’importation de Chine.
Revenons à une analyse sérieuse ; je trouve que dans une période aussi trouble que celle que nous vivons, aussi bien une cohabitation que la démagogie des formations suscitées, auraient constitué un handicap énorme, contraire aux intérêts du pays.
Maintenant, la question cruciale est la suivante : M. Hollande, son gouvernement et le PS n’ont le droit à aucune erreur majeure, tant leur suprématie absolue les oblige. Mais il y aussi une contradiction fondamentale : d’une part l’attente forte de la part d’une large partie de l’opinion aux changements (j’appelle cela des revendications) dans le sens d’un meilleur niveau de vie, d’une réduction sensible du chômage, d’une sécurité accrue, des conditions de travail améliorées etc., etc., et d’autre part l’obligation impérieuse de réduction des déficits publics en conformité avec les obligations internationales dont la France ne peut pas s’exonérer. C’est la quadrature du cercle !
Dans un pays dopé depuis plus de 3 décennies avec la drogue du « toujours plus » et en attente des promesses inatteignable des nouveaux dirigeants, la réalité des choses ne tardera pas à s’imposer. Si, en 1981, dans la foulée de l’enthousiasme de l’arrivée de la gauche au pouvoir, l’euphorie a durée plus longtemps, (la déception fut sensible dans l’opinion en moins de deux ans), je ne donne pas un an dans le contexte actuel pour que la douche froide se fasse sentir bel et bien. Une seule consollation, il n’y aura pas d’élection avant 2014.
Et la suite ? Je reconnais que je ne vois pas bien la suite, car la recomposition de l’ensemble des droites est une donne incertaine. Globalement on peut entrevoir deux scénarios.
Le premier, plus plausible, l’implosion de l’UMP en trois parties :
– une partie droitière qui glissera vers une alliance avec le FN (qui changera de nom, j’en suis convaincu) sinon une absorption dans le parti mariniste.
– une autre partie qui recréera une sorte de néo-RPR.
– une troisième partie qui refondera un parti centriste, probablement autour du Parti radical de M. Borloo.
Le deuxième scénario, plus improbable, le maintien de l’UMP (changement de nom obligatoire) sous la forme d’une fédération des courants, avec une certaine autonomie, permettant des alliances électorales à géométrie variable. Même dans ce cas de figure, certains ténors glisseront vers le parti de M. Borloo (qui attend patiemment son heure), entrainant derrière eux un certain nombre de militants.
Je regrette qu’un troisième scénario, pratiqué dans d’autres pays démocratiques et qui serait bien adapté aux exigences du moment crucial que nous vivons, ne soit pas applicable chez nous : un grande coalition des partis responsables et soucieux de l’intérêt majeur de la France. Grand dommage…
> le blog de Sorel Zissu
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