La Syrie est un Etat totalement artificiel créé à la fin de la Première Guerre mondiale par les Français et les Britanniques afin de sécuriser la route terrestre des Indes mais aussi et surtout pour dominer la nouvelle énergie fondamentale : le pétrole. Comme je l’ai expliqué dans l’article « Le Siècle de 1914 », cette ressource fut l’enjeu fondamental des deux Guerres mondiales mais aussi de la Guerre froide et des conflits actuels aux Moyen-Orient, en tant qu’énergie principale des économies modernes.
Lorsque les Britanniques expulsèrent, avec l’aide des Arabes, les Ottomans alliés des puissances allemandes et austro-hongroises, ils promirent à ceux-là en remerciement de leur soutien la création d’un vaste Etat arabe libre et indépendant s’appelant la Grande Syrie et couvrant un territoire un peu plus grand que la France s’étendant du Nil à l’Euphrate. Mais ils ne tinrent pas leur promesse et au lieu de créer la Grande Syrie pour les Arabes, de nouveau libres après la domination millénaire turque, ils établirent avec les Français un découpage totalement arbitraire créant une multitude d’Etats factices afin de maîtriser la Mésopotamie. Cette décision était l’accomplissement des accords secrets des diplomates anglais Sykes et français Picot de 1916. De ces quadrilatères mal dessinés naquirent l’Irak (1920), la Syrie actuelle (1920), la Transjordanie (1922), le Liban (1920) et la Palestine (1922), ainsi que le Foyer juif (1918) comme expression de gratitude envers l’aide financière apportée par la puissante Banque Rothschild pendant la première Guerre mondiale mais aussi pour avoir une tête de pont proche-orientale totalement acquise aux intérêts occidentaux.
La Grande-Bretagne, première puissance mondiale de l’époque, se tailla la part du Lion – l’Irak très riche en pétrole (les ressources de la péninsule arabique ne seront découvertes par les Américains qu’à partir de 1945, pour lesquelles ils concluront avec les Séoudiens le Pacte du Quincy, accord d’exploitation exclusive de 60 ans renouvelé en 2005 pour 60 nouvelles années) ainsi que la Palestine, le foyer juif et la Transjordanie leur permettant, avec, l’Egypte un accès à la Mer rouge et donc une nouvelle voie maritime vers la route des Indes, en plus du Golfe arabo-persique conquis dès le XVIIe siècle. Les Français n’eurent, avec la Syrie, qu’un Etat ayant très peu d’énergies pétrolières ; ils eurent aussi le Liban, relativement intéressant puisqu’il avait une façade sur la Méditerranée, mais restant tout de même moins stratégique que la Palestine et sa péninsule « Sinaïque » débouchant sur la Mer rouge.
1) La Syrie Française et l’émergence des Alaouites (1920-1970).
Selon le Général Lawrence, espion du MI-6 ayant œuvré pour le ralliement des Arabes à la cause anglo-saxonne afin d’expulser les Turcs ottomans, le grand succès de ceux-là à travers l’Histoire est la création monopolistique des grandes religions monothéistes révélées (le judaïsme, le christianisme et l’islam) ; néanmoins, écrit-il dans son livre testament Les Sept Piliers de la Sagesse, « ils gardent pour eux leur échecs. La frange des déserts arabes est jonchée de croyances brisées ». Ceci n’est pas un hasard : peuples sémitiques d’origine éthiopienne, ils se déversèrent continuellement pendant des siècles de la corne de l’Afrique sur la péninsule arabique, elle-même très pauvre en ressources alimentaires. Résultat : les conflits entre bédouins pour le contrôle des oasis étaient des luttes à mort poussant à l’éradication totale de la tribu adverse qui était entièrement diabolisée. Ceci s’en ressentit sur les pratiques religieuses : en effet, à la différence des indo-européens païens qui avaient des panthéons ouverts au sein desquels on pouvait intégrer de nouveaux dieux étrangers, les polythéismes sémitiques étaient des monolâtries, excluant tous les autres dieux n’appartenant pas à la tribu. Leur passage aux monothéismes ne changera rien à l’affaire, le judaïsme puis le christianisme et l’islam se fragmentant dès leur genèse en une multitude de courants s’anathémisant les uns les autres. Concernant l’islam, il y eut une première fracture entre sunnites et chiites, ceux-ci se subdivisant notamment entre chiites duodécimains, zaydites yéménites puis alaouites.
Concernant ces derniers, voici ce qu’en dit l’ancien directeur des affaires arabes et du contre-terrorisme à la DGSE Alain Chouet : « Issues au Xe siècle, aux frontières de l’Empire arabe et de l’Empire byzantin, d’une lointaine scission du chiisme, les Alaouites pratiquent une sorte de syncrétisme mystique compliqué entre des éléments du chiisme, des éléments du panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et du christianisme byzantin. Ils se désignent eux-mêmes sous le nom d’Alaouites – c’est-à-dire de partisans d’Ali, le gendre du prophète – quand ils veulent qu’on les prenne pour des musulmans, et sous le nom de Nosaïris quand ils veulent se distinguer des musulmans. […] Pour toutes les religions monothéistes révélées, il n’y a pas pire crime que l’apostasie. Les Alaouites sont considérés par l’islam sunnite comme les pires apostats. Cela leur a valu au XIVe siècle une fatwa […] qui n’a jamais été remise en cause et est toujours d’actualité, notamment chez les salafistes, les wahhabites et les frères musulmans. Pourchassés et persécutés, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie, tout en donnant à leurs croyances un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant la dissimulation et le mensonge pour échapper à leurs tortionnaires. »
C’est « l’Empire Français », colonisant la Syrie de 1920 à 1946, qui leur donnera paradoxalement une importance majeure après des siècles de discrétion et de persécutions. En effet, d’une part, suivant la formule « diviser pour mieux régner », les Français au sein de leur domination levantine créeront à partir des tribus disloquées des entités politiques autonomes : ainsi, en plus des Etats de Damas et d’Alep à fort peuplement sunnite, il y aura un Etat des Druzes, un Grand Liban où les chrétiens sont majoritaires ainsi que, au-dessus, un « Territoire des Alaouites » ayant pour capitale Lattaquié ; d’autre part, et surtout, les Alaouites extrêmement pauvres – et méprisés par les bourgeois arabes sunnites dédaignant la carrière des armes considérée comme « sale » – acquerront une identité sociale grâce à la France en œuvrant pour l’armée coloniale, comble de la trahison et de la soumission selon les sunnites majoritaires. Après le départ des Français, les Alaouites prendront subrepticement, sur une vingtaine d’années, possession de toutes les forces coercitives de l’Etat et dirigeront à leur tour les sunnites ainsi que toutes les autres minorités. Une sacrée revanche de l’Histoire.
2) Hafez El Assad Le Grand (1928 – 2000).
Hafez El Assad (signifiant en arabe « Gardien du Lion ») naquit en 1928 dans la province de Lattaquié au sein d’une famille alaouite très pauvre : il allait à l’école pieds nus et, un jour, sur son chemin croisa une manifestation de Frères musulmans sunnites dont un membre hirsute le poignarda pour raison religieuse. Pour ses études supérieures, il rentra dans l’armée en tant que pilote d’avion, adhérant très tôt au parti Baas (signifiant « renaissance »), courant politique créé notamment par le chrétien orthodoxe Michel Aflak, ayant pour dogmes l’anticolonialisme occidental, le nationalisme arabe, le socialisme et le laïcisme. Ce courant s’inspira du kémalisme turc.
En effet, la révolution industrielle européenne avait permis à l’Europe de dépasser en puissance les Turcs ottomans, ce qui était impensable pour eux qui représentaient, depuis la conquête de Constantinople, la première puissance mondiale faisant, par sa domination proche-orientale, la jonction obligée entre l’Europe et l’Asie par laquelle transitait la majorité des échanges commerciaux jusqu’à la découverte du Nouveau Monde par les Européens ; considérant l’islam comme seule religion véridique, ce dépassement par des infidèles confessant un « Dieu faible » leur était totalement incompréhensible et une très grande introspection gagna tous les intellectuels musulmans arabes et turcs : au Maghreb, dès la fin du XIXe siècle, les Oulémas proposèrent une ouverture de l’islam à la science moderne tout en prônant un retour aux sources religieuses qui, selon eux, leur avait conféré la puissance pendant les Empires omeyyade, abbasside, fatimide et ottoman.
Mustapha Kemal Atatürk (1881-1938) adhéra dans sa jeunesse au discours « Jeunes-Turcs » qui professait exactement l’inverse : l’islam, religion des arabes vaincus, avait jeté dans l’indolence les Turcs, ne leur permettant pas de se moderniser comme les Occidentaux ; si les Turcs voulaient rattraper ce retard, ils devraient faire comme leurs ennemis, c’est-à-dire expulser la religion dans la sphère privée et engager une profonde modernisation industrielle, libre de tout interdit religieux dans un Etat-nation anatolien et non plus dans un empire multiethnique proche-oriental. Mustapha Kemal fut très séduit par la Révolution Française et par la lecture des Lumières, en particulier celle de Rousseau. Après avoir expulsé les Grecs, Italiens et Arméniens, soutenus par les Britanniques dans l’espoir de démembrer l’Anatolie – riche, croyait-on, en pétrole –, il modernisa au pas de charge et à coups de trique la nouvelle Turquie naissante, obligeant les Turcs sous peine de mort à s’habiller comme les occidentaux, interdisant la polygamie et émancipant autoritairement les femmes (idée qu’il empruntait à sa lecture fervente de John Stuart Mill) en nommant un certain nombre d’entre elles dans les hautes sphères de l’administration.
Ses succès militaires contre les Européens et son bilan économique et social brillant eurent un profond retentissement dans tout le monde musulman, prouvant que l’Orient pouvait rivaliser avec l’Occident. En Iran, les Chah Pahlavi et particulièrement leur premier ministre Mossadegh s’inspirèrent du Kémalisme en soutenant une modernisation rapide tout en tentant de s’émanciper de la tutelle anglo-américaine soucieuse de conserver ses intérêts pétroliers. Mais aussi l’Irak de Saddam Hussein, la Syrie des Assad, via leurs partis Baas respectifs, l’Egypte de Nasser, la Lybie de Kadhafi et la Tunisie de Bourguiba puis de Ben Ali furent influencés par la politique d’Atatürk en prenant des distances significatives avec l’islam et la charia, modernisant grâce à la rente pétrolière leur pays, interdisant la polygamie, permettant aux femmes de divorcer, les autorisant à faire des études et à travailler – certaines deviendront ministres et hauts cadres administratifs.
Ces États laïques seront particulièrement favorables aux chrétiens – minorité religieuse neutre persécutée depuis des siècles par les musulmans. Les dirigeants progressistes s’appuieront sur eux en leur donnant de grandes responsabilités. Les chrétiens joueront un très grand rôle dans l’Irak de Saddam Hussein, parmi eux plusieurs seront ministres ou directeurs d’administration. Ils composent toujours environ 35% de l’administration syrienne alors qu’ils représentent 20 % du peuple ; sous l’Egypte nassérienne ils regrouperont jusqu’à 50% des cadres de l’appareil d’Etat pour 10% de la population. On comprend mieux ainsi la haine des islamistes à leur égard, qui s’évertuent comme en Irak à les anéantir par vengeance. Et il en sera de même si la Syrie des Assad s’effondre. En effet pour les intégristes musulmans, ces Etats laïques sont une aberration car, d’une part, ils désirent temporiser l’emprise de l’islam sur la société et, d’autre part, étant par nature nationalistes, ils contrecarrent l’Oumma (la communauté des croyants musulmans qui doit s’étendre au monde entier), appelée aussi le « Dar El Islam » (la maison de l’islam) devant se substituer au « Dar el Harb » (la maison de la guerre, c’est-à-dire les régions du globe non encore dominées par la religion du Prophète). Pour enfoncer le clou, ces Etats nationalistes s’appuient sur les chrétiens qui, ainsi, dominent les musulmans via l’administration, alors qu’ils devraient être selon le Coran en situation de dhimmitude, c’est-à-dire de soumission.
Hafez El Assad avait tout intérêt à adhérer au Baas, ce parti aconfessionnel permettant aux Alaouites de vivre dans un Etat non plus religieux mais laïque et nationaliste. Ayant la main mise avec ses collègues généraux alaouites sur l’armée et les services de renseignements en 1969, il accéda à la primature en 1970 et à la Présidence à vie en 1971. Sous sa férule, la Syrie connaîtra une stabilité hors norme – elle qui avait subi, entre l’indépendance française de 1946 et son arrivée, une vingtaine de coup d’Etats – ainsi qu’une très grande modernisation économique, une protection des minorités religieuses et ethniques (la Syrie a une petite communauté kurde – ethnie d’origine indo-européenne, sunnite mais bien plus libérale dans sa pratique religieuse que les Arabes, incluant des rites préislamiques païens – à qui sera refusée l’indépendance car le peu de pétrole dont dispose le régime se trouve dans leur région) ou encore l’émancipation des femmes.
Une amie syro-libanaise me confia peu de temps avant l’éclatement des troubles actuels que la politique d’Hafez fut vraiment bénéfique pour la Syrie, donnant un sentiment d’appartenance au pays supérieur à l’ethnie ou à la religion. Pourtant cette conclusion émanant de sa part se révélait être un aveu de taille : ses parents, riches bourgeois sunnites de Damas, durent s’enfuir au Liban puis aux Etats-Unis à la prise de pouvoir de Hafez El Assad qui les obligea, comme tant d’autres de leur caste, à partir. Autorisée à retourner dans sa patrie 30 ans plus tard par le fils d’Hafez nouvellement arrivé au pouvoir, Bachar El Assad, elle découvrit un pays moderne, sécurisé et pacifié. Elle fut embauchée dans une association pour l’intégration économique des femmes dirigée par la femme du président, la ravissante Asmaa.
Hafez mourut en 2000, laissant à son fils Bachar la continuation des affaires ; celui-ci ne put faire une ouverture politique aux autres communautés du pays refusée par la garde alaouite mais continua la modernisation du pays. A l’inverse de ce que disent les médias occidentaux, Bachar est très aimé par la majorité de ses concitoyens (au minimum 60% des Syriens), pouvant flâner seul avant les troubles en compagnie de sa femme Asmaa dans les célèbres souks damascènes et n’ayant que très peu de gardes du corps sécurisant sa modeste maison du centre-ville – bref l’opposé de Hollande et de Valls !
3) Islamérique *
En 1980, un commando des Frères musulmans s’introduisit dans l’école des cadets de l’armée d’Alep, fit le tri entre les élèves officiers sunnites et alaouites et massacrèrent 80 de ces derniers. Peu de temps après, les Frères musulmans tentèrent de tuer le président Assad en lui jetant deux grenades, il donna un coup de pied dans la première qui rebondit contre les assassins alors que son garde du corps se sacrifia en se jetant sur la seconde. Hafez El-Assad donna en réponse carte blanche à son frère, ministre de la Défense, pour massacrer la rébellion islamiste sunnite qui avait son fief dans la ville de Hama. Cette dernière fut complètement rasée en 1982 et entre 10 000 et 30 000 personnes furent tuées. Dans les débris, les autorités découvrirent que la majorité de l’arsenal militaire des Frères était américain. Cette aide des Américains aux islamistes n’est pas un accident ni une exception mais rentre dans une logique de déstabilisation de l’URSS puis de la Russie et de la Chine actuelles et de leurs alliés, les Etats laïques arabes, dans la lutte pour l’accaparement des richesses pétrolières et la domination de la route de la soie. Voici ce qu’avoue d’un ton acerbe Alain Chouet dans son excellent livre Au cœur des Services Spéciaux que je me permets de citer (longuement) :
« Dès 1941, Pearl Harbor et la Seconde Guerre mondiale ont fait voler en éclats l’isolationnisme ombrageux du Congrès. A la fin de la guerre, les puissances coloniales européennes n’ont plus les moyens de leur impérialisme. Dans le sillage des opérations militaires en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est, les diplomates et les « conseillers techniques » américains s’activent un peu partout, rapidement stimulés par la Guerre froide et l’affrontement larvé avec l’URSS. Dès le début des années 1950, la politique constante des Etats-Unis va être de dresser autour de l’URSS une muraille de traités militaires d’alliance et de coopération. En Europe, c’est l’OTAN, qui inclut la plupart des pays d’Amérique du Nord, d’Europe occidentale et la Turquie. Au Moyen-Orient, c’est le pacte de Bagdad conclu en 1955, qui sera rebaptisé CENTO après la défection de l’Irak en 1958. En Asie du Sud-Est, c’est l’OTASE et, dans le Pacifique, l’ANZUS, qui réunit les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. D’une manière générale, les pays arabes se sont montrés réticents face à ces systèmes d’alliance. Ils étaient clairement dirigés contre l’Union soviétique qui n’était pas leur ennemie et qui, au contraire, soutenait leurs revendications nationales ou indépendantistes. Au Moyen-Orient, ces traités regroupaient des pays comme la Turquie et l’Iran, que les Arabes considéraient comme des menaces dans les années 1950 et 1960. Enfin, et surtout, les différents régimes arabes pouvaient difficilement s’aligner sur les Etats-Unis, qui avaient fait du soutien inconditionnel à Israël et à l’Arabie saoudite les piliers de leurs politique moyen-orientale. Leur méfiance est d’autant plus renforcée qu’ils constatent au fil des ans que, partout dans le monde arabe, les Etats-Unis jouent en accord avec leur allié saoudien, la carte des extrémistes islamistes contre l’URSS bien sûr, mais aussi contre les forces nationalistes et progressistes locales ».
Et ce qui vaut pour le monde arabe, vaut pour le reste de l’espace musulman ; ainsi Alain Chouet poursuit : « Pendant plus de vingt ans, soutenus par les Etats-Unis et les pétromonarchies, l’armée et les services indonésiens ont instrumentalisé des groupes islamiques extrémistes dans la lutte contre les communistes, qui s’est terminée dans un bain de sang, puis dans la répression des irrédentismes, notamment celui du Timor-Oriental chrétien. En Iran, ils [les Etats-Unis] ont favorisé la chute du Chah, trop « progressiste », au profit des mollahs, avant de s’en mordre les doigts. Au Soudan, ils ont contribué à la chute du régime Niméiry, trop complaisant à l’égard des communistes, pour le remplacer par les Frères musulmans. Au Pakistan, ils ont joué sur le coup d’Etat du général Zia ul-Haq pour organiser la montée en puissance des islamistes extrémistes garants de l’alignement du pays et de la résistance afghane sur le dispositif antisoviétique. En Somalie, ils ont tout fait pour débarrasser le pays du dictateur Siyaad Barre, parfaitement insupportable et prosoviétique, mais se sont montrés incapables et peu désireux d’endiguer la vague islamiste qui a pris sa place.
En 1993, Graham Fuller, haut fonctionnaire de la CIA, publie aux bons soins de la Rand Corporation (think tank quasi officiel de la CIA) un rapport officiel prédisant que l’accession des islamistes au pouvoir en Algérie est inévitable, ce qui ne manque pas d’apparaître à ces derniers comme un vif encouragement à poursuivre leur offensive. Et leur allié israélien emboîte le pas des Etats-Unis, en favorisant la création et la croissance du Hamas dans les territoires palestiniens pour contrer l’OLP. Tout le monde le regrette aujourd’hui, mais cette stratégie avait reçu la bénédiction des Etats-Unis et de l’Arabie, qui jugeaient Arafat et ses comparses trop gauchistes ».
*Terme emprunté au brillant géopoliticien Aymeric Chauprade
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