Z comme Zemmour. C’était la chronique d’une défaite annoncée. Depuis des jours et des jours, depuis des mois même, la défaite de Nicolas Sarkozy était écrite, inévitable, inéluctable. Elle n’a jamais fait l’ombre d’un doute, sauf pour ceux qui ne voulaient pas voir la réalité en face. Fruit à la fois de la crise de 2008, qui a balayé tous les sortants européens, mais aussi de son discrédit personnel, de ses manières, son style, ses inconstances et ses incohérences.
La question qui restait en suspens n’était donc pas celle de la victoire ou de la défaite mais celle de l’ampleur de cette défaite qui signait l’utilité et l’efficacité de la campagne électorale. Surtout que cette campagne, inspirée par son conseiller Patrick Buisson, a suscité beaucoup de polémiques, de sarcasmes, d’insultes. Campagne à droite pour la gauche et les médias, campagne qui courrait après le Front national pour les belles âmes de la droite et du centre, de Villepin à Bayrou qui l’ont dit et de Juppé à Raffarin, dont le silence fut parlant.
Les chiffres leur répondent : la mobilisation du peuple de droite voulue par Buisson, Guaino et Sarkozy a incontestablement payé. Longtemps scotché à 45% dans les sondages, Sarkozy finit à 48. Il pourra longtemps regretter de ne pas être parti plus tôt en campagne. Il pourra surtout regretter de ne pas avoir tenu les promesses faites en 2007, à l’électorat populaire qui avait misé sur lui. À l’époque aussi, il avait beaucoup parlé d’immigration, de laïcité, de patriotisme, de protection et de frontières. Il avait ainsi siphonné les voix du Front national en donnant à cet électorat populaire une porte de sortie gouvernementale, en leur apparaissant comme un Le Pen raisonnable, sans outrance verbale mais aussi sans faiblesse. Sarkozy n’a pas tenu ses promesses à cet électorat populaire, c’est la clef de sa défaite. La campagne Buisson ne pouvait pas rattraper complètement cinq ans de renoncements, d’incohérences, voire de trahisons. Pourtant, son discours de 2012 sur la frontière en a séduit plus d’un, si on en croit le résultat final.
Sarkozy laisse son parti avec un nouveau discours, mais qui déplaît fort à la plupart de ses chefs. Les centristes et les modérés se sont tus et en échange, ils voudront reprendre en main ce parti qu’ils ont fondé et longtemps dominé idéologiquement. On ne sait ce que fera la Droite populaire, le seul courant de l’UMP en phase avec l’esprit de cette campagne. On ne sait ce que réalisera le Front national aux législatives. Ce parti est habitué aux exploits présidentiels qui ne débouchent sur rien. On ne sait si des élus de droite choisiront de parler avec Marine Le Pen, comme l’a annoncé Gérard Longuet. On ne sait si l’unité de l’UMP y résistera. On ne sait ce que décideront les électeurs de Nicolas Sarkozy…
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