Tribune libre
Si beaucoup de politiciens de droite ont rendu les armes avant même d’avoir combattu sur les sujets sociétaux, c’est parce qu’ils pensent que ces batailles sont perdues d’avance. Le soi-disant sens de l’histoire, le matraquage médiatique (réel, lui), le terrorisme intellectuel pratiqué par certaines associations ou personnalités… Autant de (mauvaises) raisons pour ne pas résister. Michael J. New montre en décembre dans la National Review que rien n’est inéluctable, exemples états-uniens à l’appui.
Les idées “pro-vie” progressent chez les jeunes Américains
Prenez le problème de l’avortement. Si l’on se base sur la General Social Survey, qui a collecté les résultats d’études d’opinion utilisant la même batterie de questions depuis les années 1970. On y découvre que, tout au long des années 1970, la tranche des 18-29 ans était la plus favorable à la légalisation de l’avortement. Idem dans les années 1980 et 1990 : les jeunes adultes étaient généralement plus « pro-choix » que le reste de la population. Mais à partir de l’an 2000, un basculement s’est s’est produit : les 18-29 ans sont devenus les plus “pro-vie” du pays, davantage encore que les personnes âgées ! Étonnant pour une tranche d’âge que les études d’opinion disent moins portée sur la religion… Étonnant ? Pas tant que ça !
Si les jeunes ont un comportement amoureux plus libéral (moins hypocrite ?) que leurs aînés, ils sont de leur époque, celle du développement de la technologie des ultrasons qui permet de voir l’enfant à naître. Les innovations technologiques, comme ce projet de ceinture échographique PreVue qui permettrait de voir en temps réel son enfant en temps réel, devraient accélérer ce mouvement. Les débats, dans les années 90, sur cette abomination qu’est l’avortement par naissance partielle et la meilleure acceptation par la société des filles mères grâce à des séries comme Friends ou Murphy Brown et des films comme Juno ont sans doute aussi joué (même si la baisse du nombre de mariages, institution permettant en théorie d’accueillir la vie dans les meilleures conditions, et la hausse du nombre de naissances hors mariage pourraient faire repartir à la hausse le nombre d’avortements pratiqués outre-Atlantique, aujourd’hui en baisse). Internet et le règne de l’image additionné à celui de l’émotionnel devraient achever d’inverser la tendance.
Défense du mariage naturel : rien n’est perdu
Concernant le “mariage” homosexuel aux États-Unis, la situation est plus inquiétante. Les études d’opinion montrent que les jeunes y sont plus favorables que leurs aînés. “Mais il existe des preuves que ce soutien peut se stabiliser”, explique Michael J. New. Dans les années qui ont suivi la décision judiciaire Goodridge, qui a légalisé le “mariage” homosexuel dans le Massachusetts, l’enquête annuelle de l’UCLA sur les étudiants en première année de l’État montre que le soutien à ces parodies a légèrement diminué. Ceci en dépit du fait que la décision a été très médiatisée, et favorablement.
De même, l’Office for National Statistics a révélé en septembre 2011 que plus de la moitié des Britanniques sont opposés au “mariage” gay alors que les trois partis dominants (travailliste, libéral-démocrate et conservateur) y sont ouvertement favorables. Deux tiers de nos voisins d’outre-Manche pensent même que l’adoption d’enfants par les couples de même sexe n’aurait pas dû être légalisée il y a neuf ans ! Des résultats qui tranchent avec ceux d’un sondage réalisé en 2009 par l’institut Populus, selon lesquels 61% des Britanniques seraient favorable au « mariage » homosexuel, complaisamment cité par Tetu.com le 19 septembre 2011…
Il faut toujours garder à l’esprit que les enquêtes d’opinion ont tendance à exagérer le taux d’approbation du public pour le “mariage” homosexuel. On l’a vu dans des États réputés libéraux d’Amérique du Nord, où malgré des sondages favorables au “mariage” homosexuel, la population l’a nettement rejeté. En Floride, la Proposition 8 – qui définit constitutionnellement le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme – a obtenu 52,24%. Dans le Maine, la Question 1 a réalisé 53%. Deux victoires contestées devant les tribunaux par les promoteurs du “mariage” gay. Culpabilisé, l’Américain moyen n’ose plus avouer qu’il est “pro-famille”, ce qui ne l’empêche pas de l’exprimer dans le secret de l’isoloir. “En outre, lorsque les répondants ont la possibilité de soutenir les unions civiles, le soutien au mariage entre personnes de même sexe chute généralement”, avance Michael J. New. Dans un pays peu contaminé par le socialisme, peut-être. En France, théorie du sens de l’histoire et cliquet sociétal (les fameux acquis sociétaux) obligent, il était évident que le PaCS serait provisoire et devrait être nécessairement suivi d’un CUC en mairie (c’est-à-dire d’un PaCS amélioré) en cas de victoire de la droite ou du “mariage” en cas de victoire de la gauche.
Avancer des arguments factuels
Ces exemples étrangers montrent que rien n’est jamais perdu. En France, il est aujourd’hui parfaitement possible de réfuter les estimations fantaisistes de fréquentation de la gay pride parisienne en les confrontant à celles, réalistes, de la police. De réfuter les estimations du nombre d’enfants vivant dans des foyers composés de personnes du même sexe qui visent à faire croire à l’opinion que le temps du débat est révolu. De rappeler que, selon l’enquête « Contexte de la sexualité en France » de 2007, menée auprès de 12 364 personnes, 4,0% des femmes et 4,1% des hommes de 18 à 69 ans déclarent avoir eu au moins une fois dans leur vie des pratiques sexuelles avec un partenaire du même sexe (ce qui ne fait pas nécessairement d’eux des homosexuels). 1% des femmes et 1,6% des hommes ont eu une relation sexuelle avec une personne du même sexe au cours des douze derniers mois, selon cette étude qui fait référence. Enfin, 0,5% des femmes et 1,1% des hommes se définissent comme homosexuels. On est loin des 10% communément admis qui servent à faire croire aux hommes politiques qu’il n’est plus possible de rien refuser aux homosexuels !
Enfin, le mythe de la stabilité doit être déboulonné : selon une enquête de terrain Prevagay réalisée en 2007, 26% des 917 hommes approchés dans neuf saunas ou “backrooms” et cinq bars, tous homosexuels, déclarent plus de 50 partenaires dans les 12 derniers mois. Comme l’écrivait L’Express le 19 mai 2009, “chez les homosexuels, l’exclusivité sexuelle est rare”. Selon le “Que sais-je ?” de J. Corraze consacré à l’homosexualité, pour une moyenne d’âge de 35 ans, 94% des homosexuels dénombrent plus de 15 partenaires tandis que 47% des homosexuels ont eu entre 100 et 999 partenaires… Cela ne concerne pas la société sauf lorsque ces comportements déraisonnables ont des répercussions en terme de santé publique (donc de dépenses publiques) : je pense au SIDA, dont les traitements sont en grande majorité pris en charge, mais pas seulement. Je pense à l’adoption, rendue inimaginable par le besoin d’altérité qu’a l’enfant pour se construire mais aussi par l’instabilité affective des personnes homosexuelles. C’est sans doute ce qu’a voulu exprimer François Fillon jeudi sur France 2 lorsqu’il a déclaré que “l’institution du mariage a un objectif qui est celui de la sécurisation des enfants. C’est un objectif qui ne me paraît pas compatible avec les couples homosexuels”.
Choisir son camp
Une affirmation de bon sens, appuyé par de nombreuses études, qui faisait suite à une capitulation en règle, le Premier ministre ayant promis une “amélioration” du PaCS, sa célébration en mairie et la mise en place d’« une sorte de contrat » avec « une visibilité sociale beaucoup plus grande », sans doute une union civile. Ces propositions de mariages qui ne disent pas leurs noms coupent la droite d’une partie de son électorat traditionnel, de plus en plus orphelin, celui-là même qui a élu Nicolas Sarkozy en 2007 sur des déclarations très droitières. L’ont-elles pour autant rendu populaire en face ? Au contraire ! Les extrémistes de la cause gay ont dénoncé des propos “aussi honteux qu’abjects” (les Enfants d’Arc En Ciel – L’Asso!). Le conseil régional socialiste Jean-Luc Romero a, quant à lui, commenté avec finesse sur Twitter : « Que veut-il dire ? Croit-il que tous les homos sont des pédophiles ? Et les journalistes de Des paroles et des actes n’ont même pas essayé d’en savoir plus sur ce sous-entendu très limite ! » A ne pas choisir un camp (de préférence le sien), on se met tout le monde à dos. Les hommes politiques de droite dignes de ce qualificatif doivent choisir le camp des défenseurs du “mariage” traditionnel et mener la bataille intelligemment, c’est-à-dire en ne cédant rien sur le fond mais en respectant toujours les personnes.
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