Irlande. La proposition de loi légalisant l’avortement a été rejetée jeudi par l’immense majorité des Teachta Dála (membres de l’Oireachtas, le Parlement irlandais) : le Dáil Éireann s’y est opposé par 111 voix contre 20. Un résultat “décevant” pour Sinead Ahern, porte-parole de Choice Irlande, mais néanmoins conforme à celui de l’enquête en ligne réalisée par le Parti travailliste irlandais qui voit sa proposition de légaliser l’avortement rejetée par plus de 89% des internautes y ayant participé.
Les lobbies “pro-choix” ne s’avouent pas vaincus pour autant : ils ont prévu de remettre la question sur le tapis à l’automne 2012 et espèrent cette fois-ci l’emporter.
Les débats jeudi furent l’occasion pour certains députés de défendre les droits de l’enfant à naître (“Je crois que l’enfant dans l’utérus est une personne et que, par conséquent, il y a une obligation de protéger la vie humaine”, a argumenté Eamon O’Cuiv), de s’opposer à un projet qu’ils jugent extrémiste (Paul Bradford a par exemple regretté qu’à l’heure actuelle, la seule alternative à la culture anti-avortement de l’Irlande soit la culture de l’avortement de la Grande-Bretagne ou des États-Unis. Il a, pour cela, préfèré le statu quo.) ou insuffisant (“Ce projet de loi ne va pas assez loin” a déploré Catherine Murphy).
“Nous assistons à la poussée la plus virulente et soutenue de ces vingt dernières années pour briser les lois pro-vie d’Irlande” a jugé Rebecca Roughneen, porte-parole de Youth for Life. La proposition de loi rejetée bafouait l’objection de conscience, créait un délit d’entrave et permettait théoriquement de pratiquer un avortement sur une femme sans son accord (notre article).
L’avortement a été officiellement légalisé en Irlande en 1992 par les tribunaux, mais seulement dans certaines circonstances. Les gouvernements n’ont jamais transposé cette jurisprudence sur le plan législatif et c’est la première fois qu’une proposition de loi sur le sujet est discutée à la chambre basse.
En décembre 2010, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que l’incapacité de l’Irlande à mettre en œuvre l’actuel « droit » constitutionnel à l’avortement était une violation de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La CEDH a commandé un rapport d’experts sur la façon d’y répondre. Un groupe d’experts dont la composition inquiète les organisations “pro-vie”. Il devrait rendre ses conclusions en juillet.