Edmund Klich, accrédité par les gouvernements polonais et russe pour coordonner la coopération entre Russie et Pologne dans le cadre de l’enquête officielle sur la tragédie de Smolensk du 10 avril 2010 : « Nous n’avons pas vérifié l’hypothèse d’un attentat. »
Le colonel Edmund Klich, chef de la commission polonaise d’enquête sur les accidents aériens jusqu’en janvier dernier (cf. notre article du 10 février 2012) et seul accrédité auprès du gouvernement russe pendant l’enquête officielle sur les causes du crash de Smolensk, a avoué le 16 avril sur la radio nationale RMF FM : « Nous n’avons pas vérifié la possibilité d’un attentat », « la tendance, c’était de montrer qu’il y avait eu faute des pilotes ».
« Quand je vois ce qui se passe en ce moment, je pense que cela aurait dû être vérifié », a continué Klich en précisant que lui-même ne croyait pas à la thèse de la double explosion avancée, sur la base d’expertises indépendantes, par la commission Macierewicz mise en place à la Diète par le parti d’opposition Droit et Justice (PiS) des frères Kaczyński.
« La plus grosse erreur de la Pologne, cela a été le manque de soutien du gouvernement polonais en faveur du groupe qui travaillait à Moscou. Avec un meilleur soutien du gouvernement, nous aurions pu obtenir plus d’informations », a déclaré Klich à propos de son travail en Russie, avant d’ajouter : « Nous ne recevions pas les documents demandés, il n’y avait pas de réaction aux violations des accords par les Russes. Nous n’avions aucun soutien et il y avait même des pressions quand je voulais me rendre à Moscou. J’ai même été laissé [plusieurs jours] sans interprète et je savais alors que je ne pourrais plus rien faire. »
Edmund Klich a encore affirmé, à propos des investigations portant sur l’épave de l’avion transportant le président Kaczyński et 95 autres personnes, dont de nombreuses personnalités de premier plan, que la commission « Miller » (du nom du ministre de l’Intérieur de l’époque) mise en place par le gouvernement polonais aurait dû examiner les débris de l’avion sous l’angle d’un possible attentat mais qu’elle ne l’a pas fait : « Parmi les experts [polonais] avec qui j’ai été à Smolensk, il y en a qui ont examiné l’épave, mais en réalité c’était plus une inspection visuelle que des investigations. »
De notre correspondant permanent en Pologne.
Photo : capture d’écran de la reconstitution de la scène du drame faite par la commission d’enquête de l’opposition polonaise sur la base de la documentation photographique connue
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