Le 11 novembre 2012, le Parti Libertarien fera officiellement son apparition en Belgique. Nouvelles de France s’est entretenu avec son fondateur, Patrick Smets, par ailleurs docteur en sociologie.
Un parti libertarien en Europe, est-ce que ce n’est pas peine perdue quand on connaît l’attachement des Européens, notamment des Belges et des Français à l’État providence ?
Comme disait Guillaume le Taciturne, “rien ne sert d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer”. Nous nous lançons, nous verrons bien ! Notre approche est amicale et consiste à faire ce que nous avons toujours fait, avec l’étiquette “Parti Libertarien”. En Europe, l’on assiste partout au délitement des partis traditionnels et à l’arrivée de nouveaux acteurs. Certains sont populistes, mais pas tous. Voyez le Parti Pirate en Allemagne ou la Nieuw-Vlaamse Alliantie en Belgique. Aux États-Unis, le Parti Libertarien de Gary Johnson pourrait créer la surprise avec 5% après une très bonne campagne. Il y a une demande pour quelque chose de nouveau. Nous espérons surfer dessus. Et si nous n’y arrivons pas, tant pis, nous aurons essayé.
Pour ce qui concerne l’attachement des Européens à l’État providence, il est réel. Les Européens aiment ce système qui les nourrit. Mettez-vous à leur place : l’État leur prend chaque année de l’argent depuis vingt ans pour payer leur pension de retraite. Arrive un moment où ils ont envie de toucher l’argent qu’ils ont donné… Évidemment, on parle toujours des gens qui touchent, jamais de ceux qui payent. Ceux-là sont généralement plutôt chez nous ! Mais la question n’est pas de savoir si nous sommes attachés ou pas à l’État providence, l’État providence est mort ! Dans notre communication, nous allons bien insister sur ce point : l’État providence, c’est fini. Regardez aujourd’hui la Grèce, l’Espagne et l’Italie ! Demain, ce sera au tour de la Belgique, de la France et de l’Allemagne. Évidemment, les hommes politiques ne communiquent pas autour de la mort de l’État providence. Disons que nous n’avons pas encore imprimé le faire-part de décès mais que l’acte a été dressé… Si vous voulez une image, c’est un petit peu comme si vous aviez sauté du haut d’un immeuble et que vous n’étiez pas encore arrivé sur le sol. Il est temps d’appeler le SAMU !
Le Parti Libertarien en Belgique, combien de divisions ?
La qualité remplace pour l’instant la quantité. En effet, le Parti Libertarien en Belgique est actuellement encore en construction et sera lancé officiellement dimanche 11 novembre. Notre congrès fondateur aura lieu ce jour-là à Namur où seront décidés puis votés notre programme, notre statut et nos instances. Pour l’instant, je suis secrétaire du bureau provisoire. Le 11 novembre, je me présenterai à la présidence. Des Français ont été invités : l’association liberaux.org et la rédaction de Contrepoints.org, le Parti Libéral Démocrate, Cécile Philippe de l’Institut économique Molinari, etc.
Pourquoi n’y a-t-il pas (encore) de parti libertarien en France ?
La Belgique a cette spécificité par rapport à la France de ne pas être effrayée par le mot “libéral”. En Belgique néerlandophone, l’Open Vlaamse Liberalen en Democraten revendique cette étiquette tandis qu’en Belgique francophone, c’est le Mouvement Réformateur. Inutile de préciser toutefois qu’aucune de ces formations n’est libérale au sens au nous l’entendons, c’est-à-dire vraiment libérale. Avant de créer le Parti Libertarien en Belgique, nous avons réfléchi mais n’avons pas trouvé d’acronyme pertinent. Bien sûr, le terme “Parti Libertarien” nécessite un effort pédagogique à destination du grand public mais c’est justement l’objet de notre formation politique. Oui, nous n’avons rien trouvé de mieux que “Parti Libertarien”… L’idée nous est venue pendant la superbe campagne de Ron Paul pour l’investiture républicaine. “DR No” a montré la voie pour ce travail de pédagogie que nous commençons tout juste : tout en restant dans le système et sans flatter l’électorat dans ses plus bas instincts, il a réalisé d’excellents scores, notamment chez les jeunes. Avec le Parti Libertarien en Belgique, nous continuons en Belgique le combat de Ron Paul.
S’il n’y a pas de parti libertarien en France, c’est que, contrairement à la Belgique, le mot “libéral” est libre. Je sais qu’Alternative Libérale ou le Parti Libéral Démocrate ont accueilli en leur sein à leurs débuts une composante libertarienne qui a disparu progressivement.
Le PLib est libertarien et son programme minarchiste : nous avons fait le choix d’un libéralisme radical en économie et sur les mœurs.
C’est-à-dire ?
Nous sommes pour le droit de chacun d’expérimenter ce qu’il veut dans sa propre vie, d’être catholique traditionaliste ou drogué alternatif. Nous nous opposons au système actuel qui force les individus à respecter une norme médiane. Celle-ci met, par exemple, en danger le droit de personnes conservatrices à vivre comme elles le souhaitent. Pour un libertarien, les déviances ne posent pas de problème. Le libertarien considère même qu’il est bon pour une société de respecter les groupes déviants qui la composent afin de les laisser la fertiliser. Le libertarien est ouvert à l’expérience. Évidemment, si nous arrivons un jour au pouvoir, il n’y aura aucun soutien étatique à attendre en faveur de mœurs, quelles qu’elles soient : progressistes, conservatrices, déviantes…
Rendez-vous dimanche sur Nouvelles de France pour la suite de l’entretien !
> le site du Parti libertarien en Belgique
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