Si la contestation reste pour l’heure anonyme, les détracteurs du président de groupe parmi les députés de La République en marche font gronder le risque d’une fronde.
Peut-être a-t-il la tête ailleurs, à l’affaire des Mutuelles de Bretagne, et à sa possible mise en examen par le parquet de Brest. Toujours est-il que Richard Ferrand, président du groupe La République en marche à l’Assemblée, se fait discret au palais Bourbon, et laisse une impression mitigée dans les rangs de la majorité lorsqu’il y paraît.
Tandis que les vice-présidentes novices de LREM sont chahutées en séance sur la loi de moralisation de la vie publique, que les députés macronistes se sont pour la première fois désunis sur la question du verrou de Bercy, et qu’enfin les élus du “renouvellement” multiplient les maladresses depuis leur entrée au palais Bourbon, le député du Finistère reste mutique.
“On ne sait pas ce qu’il fait de ses journées, on le voit deux fois deux heures par semaine en réunion de groupe et ça s’arrête là”, grince dans Le Monde un élu de la majorité.
Dans la presse, on s’en donne à cœur joie contre ce fidèle d’Emmanuel Macron, toujours sous couvert d’anonymat. “Il a laissé le bazar s’installer et maintenant on passe pour des guignols”, déplore l’une de ses collègues dans le quotidien du soir. “Son autorité n’est pas reconnue”, lâche un élu dans Le Figaro, “c’est un très mauvais président de groupe”, assène une autre. “De l’extérieur, on a l’impression d’un groupe caporalisé, alors qu’à l’intérieur, il ne tient rien”, achève un troisième.
Dans L’Express, François-Michel Lambert, député LREM proche de François de Rugy, avance son explication: “Je connais très bien Richard. Il a une compétence et un engagement très forts. Mais son aller-retour au ministère lui a fait perdre son autorité auprès des nouveaux députés.”
L’éphémère ministre de la Cohésion des territoires, exfiltré vers le palais Bourbon après les révélations du Canard enchaîné, “vit le fait d’être là comme une punition”, estime une élue dans L’Opinion. “Pendant la campagne, il était distant, là il est cassant.”
Le style “direct et sans périphrase” du président de groupe, selon l’expression du parte-parole Hervé Berville, est souvent incriminé par ses ouailles.