Leur volonté faite d’acier,
Que leur courage nous inonde,
Comme dans les combats de Tu-Lê.Dans les combats, dans les assauts,
N’ayant nulle crainte pour leur corps,
Officiers et paras Bruno,
Aux mains de Dieu confiaient leur sort. »
Il y a quatre ans disparaissait le dernier centurion, ancien résistant, héros de Dien Bien Phu, figure incontournable de la Bataille d’Alger : le général Bigeard (1916-2010).
Officier de légende, Bigeard, alias “Bruno” aura, tel un Hélie de Saint-Marc, « traversé pas mal d’épreuves ».
S’il n’a vécu ni les camps de la mort du régime nazi ni l’humiliation des prisons gaullistes, Marcel Bigeard demeure le témoin privilégié du déclin français. De défaites militaires en trahisons politiques, sans oublier la déliquescence morale, les revers sont nombreux.
Quelques années après sa mort, la Patrie semble au plus bas. Elle est touchée dans son âme, dans son essence. L’Honneur, la Patrie, la Fidélité, sont-ils encore des mots d’actualité, dans une France gouvernée par des élites mondialisées et hédonistes ? Le sacrifice de nos soldats fut-il si vain, pour que des représentants de l’Armée algérienne soient invités au défilé du 14 Juillet ?
Il est opportun de relire quelques lignes du général Bigeard, extraites de son livre-testament Adieu ma France :
Qu’est ce qu’un corps social sain ? Une population qui sait conserver la mémoire du passé et des combats collectifs qui ont été menés. Ce n’est plus le cas de notre pays. La transmission ne se fait plus et les commémorations les plus solennelles font plutôt rire qu’autre chose.
Qu’il s’agisse de la fête nationale, le 14 Juillet, ou du souvenir des deux guerres mondiales, le 11 novembre et le 8 mai, de la guerre d’Indochine, ou de celle d’Algérie, de moins en moins de Français se sentent concernés.
Je. souhaite vivre encore dans une société française fière de ses racines et de sa spécificité. Et ce n’est pas une question de couleur de peau. C’est une question d’état d’esprit, d’attitude. Aujourd’hui, défendre l’identité française vous fait souvent suspecter d’être un suppôt du Front national, ce qui n’est absolument pas le cas en ce qui me concerne. J’ai du respect pour un Le Pen, tout comme pour Arlette Laguillier parce que tous deux sont adeptes de ma devise “ Être et durer ! ”
La seule protection réellement efficace qui vaille, c’est de sortir la France de son inertie, de sa surdité et de son aveuglement.Je ne cesse de l’écrire tout au long de ces pages, la France est entrée dans un processus de déliquescence. J’ai l’impression tenace que, si le cours des choses ne change pas radicalement, le pays va à sa perte. Qu’il est en voie de désagrégation et que ce n’est pas son identité seule qui est menacée, mais bel et bien jusqu’à son existence. Et je le répète, sans craindre de lasser le lecteur, la France traverser une crise très profonde, à la fois politique, économique et surtout, morale. C’est donc à un réarmement moral du pays que je veux appeler en rédigeant ces pages, afin de conjurer la menace qui risque de nous engloutir corps et biens.
Je pourrais, sur les affaires, rédiger des livres entiers. Mais en résumé, que faut il retenir de ce constat ?
Tout simplement que, pour sortir la France de sa torpeur, l’une des toutes premières conditions est de restaurer la morale publique dans le pays. Morale publique sans laquelle rien ne peut être fait de durable, car les Français n’ont plus confiance dans les hommes qui les gouvernent actuellement. Ils les prennent pour des margoulins et croient que ces responsables politiques pensent d’abord à eux, avant de se soucier du bien commun et du sort de leurs concitoyens.
Nos dirigeants doivent être des gens propres, irréprochables, ce ne sera qu’à cette seule condition qu’on pourra au moins les écouter et les prendre au sérieux.
La démission est allée trop loin, dans tous les domaines, pour que la France n’ait pas besoin d’un choc salvateur, susceptible de lui permettre de retrouver sa vraie vocation.
La vertu de l’exemple
Quand on est comme moi un fils du peuple, parti de rien, seul avec ses idées, on sait, on sent, de manière instinctive, ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Et la première chose que j’ai comprise, c’est qu’on ne fait jamais rien quand on est seul.
Voilà pourquoi j’ai toujours voulu être un exemple pour mes hommes, être quelqu’un de propre, qu’on avait envie de suivre, avec qui on voulait aller au combat. Le succès d’une armée, d’une entreprise ou d’un pays dépend, avant toute chose, de la qualité du chef, de celui qui dirige. Je l’ai répété à longueur de pages dans ce livre, car ce qui est valable pour une entreprise l’est également pour la tête du pays, comme pour un bataillon. »