La peur régne sur la ville. Ce n’est pas le très bon film d’Henri Verneuil, mais bien la réalité quotidienne de Calais, devenue depuis le camp de Sangatte, la ville maudite. Les témoignages des Calaisiens, si peu relayés par les médias aux ordres d’un pouvoir mollasson, sont éloquents. Additionnés les uns aux autres, ils nous font frémir de honte. Comment peut-on laisser une ville française mourir à petits feux ? Mourir de peur ?
Ecouter ce marin-pêcheur sur la vidéo de Charlotte d’Ornenas déclarer : « On a peur, peur de sortir. Peur d’être volé.” « Mon radeau de survie a disparu une nuit, et je ne peux plus sortir en mer ». Laissez votre vélo 5 minutes, et vous le retrouverez dans la « jeuneguelle ». Sur la rocade, malgré la présence de mille policiers, CRS et gendarmes, qu’un camion ralentisse, et il est aussitôt pris d’assaut, ses cartons dévalisées, son chauffeur parfois frappé. « Le trafic des transporteurs a d’ailleurs fortement ralenti, affirme un habitant. Leurs patrons préfèrent les faire passer par la Belgique ».
La page facebook de Kevin R. est éloquente. C’est un jeune homme de 22 ans, né et vivant à Calais qui n’a pas hésité à participer à la manifestation du 6 février. Il voulait écouter ce que le général Piquemal avait à leur dire. Mal lui en a pris : il s’est retrouvé gazé par des policiers sans état d’âme, puis interpellé et relâché après avoir décliné son identité. « Le général a été arrêté alors qu’il venait de nous demander de nous disperser dans le calme. Ce sont les policiers qui ont provoqué la bousculade ». Nombre de ses camarades commentent eux aussi sur sa page la situation de leur ville, hier prospère, véritable grenier des Anglais qui traversaient la Manche pour repartir avec des caisses de vins, de fromages, de denrées typiquement françaises.
Certains, comme Damien, écrivent : « J’en ai marre de cette ville. Je cherche à partir ». Zoe est plus radicale : « Ca va mal finir, tout ça ! »
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