Avec Aziz Senni, entrepreneur à Mantes la Jolie et militant du Nouveau Centre, le conseiller municipal MoDem de Poissy Richard Bertrand (également vice-président de la fédération MoDem de Poissy) a créé l’association Centristes des Yvelines. Il milite aujourd’hui pour l’organisation de primaires au centre. Entretien :
Richard Bertrand, vous demandez des primaires au centre. Concrètement, cela signifie quoi ?
Organiser des primaires au centre, c’est compliqué car il n’y a pas qu’un seul parti. Il nous faut une autorité au-dessus de tout soupçon pour son organisation. Cette autorité existe, c’est le groupe centriste au Sénat qui est le seul à réunir des centristes de toutes les provenances. L’équivalent n’existe pas à l’Assemblée nationale. Les Centristes des Yvelines réclament donc que le groupe centriste au Sénat organise, supervise ces primaires qui permettraient aux personnes encartées au MoDem, au Parti radical, à l’Alliance centriste ou au Nouveau centre de désigner leur candidat.
Dans un communiqué, vous nommez trois candidats : Bayrou, Borloo et Morin. Pourquoi disqualifier d’office Jean Arthuis et Dominique de Villepin ?
Jean Arthuis est un homme de valeurs mais soyons sérieux deux minutes s’il vous plaît : le grand public ne le connaît pas. Même si j’ai lu chez un de vos confrères le contraire, je ne le vois pas se présenter aux présidentielles. Quant à Dominique de Villepin, il n’est pas centriste, tout simplement. Il essaye de trouver sa place dans la droite dite sociale, c’est une façon de dire à l’UMP “je suis avec vous” sans en être. Un vrai centriste travaille pour l’intérêt général, avec la droite et la gauche. Vous voyez Dominique de Villepin, au second tour, donner ses voix à la gauche ? Il retournera naturellement vers Nicolas Sarkozy. Il n’y a qu’à voir au niveau local (à Poissy où Richard Bertrand est conseiller municipal à Poissy, ndlr) : les villepinistes sont des UMP contrariés.
« Un vrai centriste travaille pour l’intérêt général, avec la droite et la gauche. »
Pourtant Dominique de Villepin assure être un gaulliste. Les gaullistes aussi expliquaient travailler en bonne intelligence avec la gauche et la droite…
Si pour vous, gaullisme signifie centrisme, alors dans ce cas, Nicolas Dupont-Aignan est un centriste ! Le Président de Debout la République est contre l’Europe. Un des points convergents du centrisme, c’est l’Europe. Mais vos questions montrent qu’il devient urgent de clarifier, parce que c’est confus dans la tête des Français. Nous avons besoin d’un candidat centriste choisi par les militants.
Vous pensez vraiment qu’il y aura un candidat unique sélectionné par les centristes à l’élection présidentielle ?
Je le souhaite. Ce candidat doit être désigné par les militants qui œuvrent chaque jour sur le terrain. Les Français nous demandent à nous, les centristes, de mettre carte sur table, de nous mettre d’accord. Et je les comprends ! Notre candidat doit être désigné par la tête et les jambes des mouvements centristes !
Comment expliquer cette atomisation du centre ? On savait que les Gaulois étaient des spécialistes des divisions et des désaccords mais au centre, ça en devient caricatural…
Le centre est divisé car en 2007, François Bayrou a réalisé un score extraordinaire (18,5%). Le Président de la République voulait absolument récupérer les voix centristes. Il a tout fait pour faire exploser le MoDem : diviser pour mieux régner. Car si on additionne les voix des centristes, on est souvent devant le PS et l’UMP. Ils le savent donc ont tout intérêt à “aspirer” des élus du centre pour tenter de le disloquer.
« Notre candidat doit être désigné par la tête et les jambes des mouvements centristes ! »
Comment interprétez-vous ces élections aux cantonales de candidats divers-droite contre des sortants UMP parfois connus ?
Je note que beaucoup de candidats voulaient l’investiture UMP mais ne souhaitaient pas la rendre publique comme l’absence de logo UMP sur leur affiche le montrait. Les gens en ont ras-le-bol de la politique et vont moins voter parce qu’ils ne se retrouvent pas dans les candidats qui se présentent. Ces candidats qui tentent leur chance sans étiquette ont bien compris le dégoût qu’ont les Français pour les partis politiques : ce sont des opportunistes car la plupart siègent maintenant avec l’UMP dans les conseils généraux…
Dans les colonnes des Nouvelles de France en janvier, vous nous disiez que l’association Centristes des Yvelines n’avait pas d’équivalent en France. C’est toujours vrai ?
Toujours ! On nous dit “nous, dans notre département, c’est pas possible, c’est des bastions”. Mais dans les Yvelines, ça n’est pas arrivé comme ça, en claquant des doigts. Il a fallu deux ans de travail.
Des réactions des états-majors des formations politiques de centre ?
Positives. On passe un peu pour un laboratoire d’idées. Si ça marche, on me dira : “t’as eu raison”. Si ça échoue, je me ferai traiter de “traitre” ou de “salaud”. C’est toujours comme ça que ça se passe !
Est-ce que le meilleur candidat centriste, au fond, ça n’est pas Dominique Strauss-Kahn ?
DSK a choisi son camp depuis longtemps ! C’est un mec de droite. Comme patron du FMI, il ne défend pas spécialement les travailleurs…
« DSK est un mec de droite. »
Vous croyez à sa candidature en 2012 ?
Nicolas Sarkozy a tout fait pour être réélu en 2012. Je pense que DSK est éliminé depuis longtemps. Depuis qu’il a accepté de prendre la tête du FMI, en fait. Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur est là pour faire du FN et Nicolas Hulot est un pion de Nicolas Sarkozy. Comme par hasard, Carla Bruni serait enceinte et accoucherait… en 2012 ! Ça va rendre le Président vachement sympa, humain, père de famille… La machine est en route !
Vous êtes pessimiste ?
Non, intéressé avec un œil averti.
Une candidature centriste unique en 2012, vous y croyez ?
Je crois à un centre uni avec un vrai candidat. C’est la condition pour arriver au second tour.
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